Il y a peu de temps, nous vous présentions la nouvelle galerie d’art parisienne Bettina Von Arnim et sa créatrice Virginie Lorient, avec une seule promesse, vous tenir au courant.
Nous avons donc l’honneur et la joie de vous présenter la toute première exposition de cette jeune galerie, du 12 septembre à fin octobre 2013. Cette exposition met en scène le travail de la photographe Isabelle Chapuis, lauréate du prix Picto avec sa série Exode en 2010 et de la bourse du Talent mode 2012 grâce à série Barbapapa. Une aventure esthétique, nous emmenant vers des expérimentations plastiques à couper le souffle; un univers atypique et accrocheur à la fois.
Nous avons eu la chance de poser quelques questions à Isabelle Chapuis, que l’on remercie pleinement. Voici l’interview.
1/ Depuis combien de temps faites-vous de la photographie ? Quel est votre parcours ?
Diplômée, depuis 2005, de l’ESAG-Penninghen en arts graphiques, je voulais conforter mes études par des expériences vraiment personnelles. Deux années durant, plusieurs séjours d’immersion en Asie et au Moyen-Orient m’ont permis de me frotter à d’autres réalités. Parallèlement, ma démarche créative m’a conduite vers la photographie que j’exerce en indépendant, oscillant entre l’art et la mode. Parvenir à conjuguer l’un avec l’autre oriente mon regard. En décembre 2010, je remporte le Prix Picto de la jeune photographie de mode. Quelques mois après, je réalise mes premières séries pour les magazines Citizen K, Paulette et M le magazine du Monde. En mars 2012, je rencontre l’agent LNB qui depuis me représente. Plus récemment j’ai remporté la Bourse du Talent Mode avec une série intitulée Barbapapa, ce qui m’a valu une exposition à la Bibliothèque nationale de France puis à la MEP (Maison Européenne de la Photographie) de Lille.
2/ Quelles sont vos sources d’inspiration quotidiennes ? Vos modèles dans l’art, la mode et la photographie ?
Mes sources d’inspirations sont très variées. Dans le quotidien cela peut être absolument tout, une lumière, une attitude, une sonorité, une situation, de la plus banale à la plus incongrue… Je suis très observatrice et j’ai tendance à me laisser absorber par les visages aux beautés atypiques ainsi que par les matières, souvent filandreuses, chrysalides, ayant une dimension organique. Dans la photo de mode, j’aime tout particulièrement le photographe Tim Walker, je suis sensible à la façon dont il introduit l’humour et la douceur dans ses images. Sa vision de la féminité est très légère, romantique, ses photos sont narratives et l’on ne sent pas la sempiternelle séduction de beaucoup de photographes de mode hommes envers les femmes. Je suis fascinée par la créativité d’Alexander Mc Queen. J’adorerais réaliser un projet en collaboration avec cette maison de haute-création ! En peinture, le mouvement des esthètes me parle beaucoup, tout particulièrement le peintre Frédéric Leighton. Je me retrouve dans cette démarche très esthétisante qui valorise les sens. Solliciter l’émotion ramène chacun vers ses propres références. Je ne revendique rien, je propose un voyage émotionnel. Car c’est là où moi-même je ressens du bien-être. Les citations d’Oscar Wilde illustrent magnifiquement cette période. Pedro Almodovar est le réalisateur qui me captive le plus. Il exprime avec une grande justesse les liens psychologiques entre les personnages et je trouve passionnante la façon dont il sait restituer les multiples facettes de chacun. Moi-même, je me sens multiple, différente chaque jour, c’est donc sûrement pourquoi j’apprécie son monde.
3/ Quel regard artistique portez-vous sur les mondes de l’art et de la mode ?
Je les vois intimement liés. Pour moi ils se nourrissent mutuellement. Beaucoup établissent un clivage radical entre les deux. Mais la mode, ce n’est pas juste une belle fille avec un beau vêtement. C’est certes aussi cela mais s’y arrêter est à mon sens une vision réductrice car c’est surtout une véritable cours de récréation créative. C’est justement la fusion avec l’art qui donne une dimension forte aux images. Ceci est mon point de vue mais je sais qu’il n’est pas partagé par tous. Le monde de l’art dit souvent : c’est trop mode, et le monde de la mode déplore souvent : c’est trop artistique. Souvent les gens ont besoin de classifier les individus, de leur apposer une étiquette. Alors s’il le faut pourquoi ne pas créer un nouveau mot! Mon écriture se situe justement à la croisée de ces deux univers et c’est bien cela que je compte continuer à développer.
4/ Vous avez voyagé en Asie et au Moyen-Orient ; quel est votre meilleur souvenir de voyage ?
Oui, effectivement, je voyage le plus souvent possible, je ne supporte pas la sédentarité et j’aime aller vers l’inconnu. Mon meilleur souvenir? Difficile à dire, en tout cas le plus beau voyage, le plus fort et celui au cours du quel j’ai le plus appris sur moi-même, fut un long voyage de six mois en Inde.
5/ Votre travail est désormais présenté à la Galerie Bettina von Arnim ; Un petit mot sur cette nouvelle galerie ?
J’ai beaucoup de chance d’être exposée dans cette belle galerie. La galeriste, Virginie Lorient est une personne qui a de nombreuses qualités humaines et élaborer ce projet ensemble fut très agréable. Suite à la Bourse du Talent, le magazine l’Express Styles m’avait interviewée. La journaliste m’avait questionné sur ce que je souhaitais pour l’avenir, j’ai répondu que j’étais à la recherche d’une galerie. C’est en lisant cet article que Virginie Lorient a découvert mon travail et m’a ensuite proposé d’inaugurer la sienne avec mes photographies. C’est un bel espace, très bien situé, et Virginie est très sollicitée par de nombreux photographes. J’ai beaucoup de chance!
6/ Quel(s) conseil(s) pouvez-vous donner aux jeunes photographes qui débutent ou qui veulent s’investir dans cette passion ?
Foncer! Ne pas écouter ce que l’on peut dire sur les embûches, les difficultés. Si ce que l’on fait nous procure du bonheur, alors c’est cette voix qu’il faut suivre.
7/ Quels sont vos projets à long terme ? Visiter de nouvelles destinations ?
Mon prochain projet artistique est un travail autour de l’art Huichol mexicain. Effectivement un départ à l’étranger me plairait beaucoup. J’ai habité plusieurs fois hors de France et j’aimerais beaucoup trouver un lieu qui puisse combiner un réel développement artistique et une qualité de vie, proche de la nature. Si tout se passe comme prévu, en janvier prochain, le photographe Alex VI et moi-même serons à nouveau exposés à Hong Kong, suite au Festival du French May auquel nous avons participé en mai dernier. Donc Hong Kong est peut être la prochaine destination!
8/ Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
Un réel épanouissement artistique et faire la prochaine campagne Hermès!
C’est tout ce que l’on souhaite à Isabelle. En attendant, venez voir son travail à la galerie Bettina von Arnim du 12 septembre jusqu’à la fin octobre 2013 au 2, rue Bonaparte dans le VIe arrondissement.
Le prix Picto de la jeune photographie de mode 2010