Synopsis: Diane est veuve et hérite de la garde de son fils, un adolescent victime de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité récemment expulsé d’un centre de rééducation. Ils rencontrent bientôt leur voisine Kyla. Ensemble, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.
Mommy, c’est un film électrique sur la jeunesse de crise et la place des hypersensibles dans la société. Lyrique, brutal, très drôle et très émouvant, le cinquième essai de Xavier Dolan est le meilleur film de l’année.
Une grande oeuvre est toujours parcourue de l’histoire, des sentiments de son auteur. Dans Mommy, le cinéaste Québécois brosse le portrait de sa mère : courageuse et battante, en filigrane de celle projetée dans les codes white trash (Anne Dorval, géniale en copie drôle de Kim Basinger dans 8 Mile) pour un mélodrame du ghetto. L’enfant fou et l’enseignante en panne complètent un trio d’émotifs en fusion que le réalisateur oppose à l’environnement et aux familles désincarnés.
Les personnages de Dolan sont étonnants de justesse, jusque dans les vibrations érotiques qui émanent des rapports entre eux. Mais paradoxalement, les scènes sans dialogues sont les plus intelligemment écrites. Elles sont sensorielles, organiques. Et surtout, des plages musicales épousent les mouvements avec une beauté telle qu’on n’attend plus que la suivante.
La scène sur laquelle l’ensemble du film est bâti, qui scelle un pacte tacite d’amitié et d’entraide entre les trois personnages en même temps qu’elle réhabilite Céline Dion, est le reflet du parcours générationnel d’un jeune canadien. Là encore, rarement l’utilisation de la musique dans un film n’a été aussi autobiographique, rarement elle n’a été aussi efficace. Adventureland (2008) de Greg Mottola réussissait déjà la parfaite combinaison entre pop culture, affects des personnages et sentiments de l’auteur, mais c’était encore inédit dans le cinéma francophone.
On peut reprocher au film un dernier acte inutile, tant la fin supposée est émouvante, ou un postulat de départ bancal -et surtout un texte d’introduction maladroit-, mais l’essence du film réside dans son désir, son impression d’invincibilité, ses rêves et sa folie qu’il partage avec son thème principal : la jeunesse.