Friande de house, techno, deep-house et autres bonbons que Paris m’offre à foison depuis quelques années maintenant (d’accord ce n’est pas Berlin mais pas loin), j’appréhendais un peu mon départ en Corée du Sud au niveau musical. Forcément, quand le seul artiste coréen connu en France est Psy, on a un peu peur. Mais à peine arrivée à Séoul, capitale gigantesque et écrasante, j’ai compris qu’on pouvait y trouver de tout: oui, oui, de la solide k-pop à la solide techno.
Ici depuis maintenant un semestre, je peux dire que la vie nocturne séoulite s’organise autour de trois quartiers (à quelques exceptions près) : Itaewon, Hongdae-Sinchon, et Gangnam:
GANGNAM
Gangnam, le quartier « riche » de Séoul, accueille des boites gigantesques dans lesquelles expatriés et trentenaires coréens se jettent dans des piscines et payent leurs consommations environ trois fois plus cher qu’ailleurs. L’Octagon, club phare du quartier, est le rendez-vous hebdomadaire du jeudi soir pour tous les étudiants étrangers car gratuit. De temps en temps, des gros noms de la techno commerciale se produisent dans ces boites (Richie Hawtin en Octobre, Loco Dice en Novembre).
HONGDAE
[…] les dj’s résidents et les promoteurs ne sont pas novices de la nuit séoulite: ils ont bougé de club en club avant d’ouvrir le leur, et c’est réussi.
Hongdae, s’étendant sur Sinchon, est le quartier jeune de Séoul. Construit autour des universités de Hongik et Yonsei, on peut y trouver une multitude de clubs, de hip-hop à reggae en passant par de la com, envahis par les étudiants, mais également un lot surprenant de Noraebang (karaokés coréens) et de Soju Houses (le soju étant l’alcool chouchou du pays).
Je citerai seulement deux boites présentes dans ce coin là, mais pas des moindres. Tout d’abord, le MWG, qui propose des soirées gentillettes deep house tôt dans la semaine, mais également le Vurt à Hapjeong, mon club favori de la ville, ouvert en août dernier. Le patron, Unjin Yeo, ainsi que tous les dj’s résidents et les promoteurs ne sont pas novices de la nuit séoulite: ils ont bougé de club en club avant d’ouvrir le leur, et c’est réussi. C’est avant tout une bande d’amis et non un business, et c’est comme ça que les meilleurs projets commencent.
Vurt, c’est tout l’amour de la techno réuni en un seul endroit: sombre, intimiste, entièrement en béton. Pas d’enseigne lumineuse indiquant le club, pas de tables à l’intérieur, pas le droit aux flash: seulement des énormes enceintes délivrant un son clair, puissant, et de temps en temps, des jeux lumineux créés par les meilleurs vj’s de Séoul. Même si les très bons résidents (Suna, Soolee, Klof, etc…) s’occupent de la plupart des soirées, Vurt a réussi à dégoter des gros noms tels que Peter Van Hoesen, Lucy ou encore Function en moins de 6 mois. Pour résumer, si vous passez à Séoul et que vous aimez la techno, ne loupez pas Vurt.
ITAEWON
Le plaisir de Séoul, qui n’est plus possible à Paris, est de se dire qu’il n’y a pas de monde même quand il y en a. Les dj’s sont accessibles, abordables, attentifs.
Enfin, Itaewon est le quartier le plus occidentalisé de Séoul. Bars à smoothies la journée et colline animée le soir, c’est ici que la nuit est la meilleure car la plus complète (selon moi). Il y a une multitude de petits clubs sympas pour les soirs de semaine, comme Venue, Glam, Mute ou encore MOMA, mais trois boites méritent vraiment qu’on s’y attarde.
La première, c’est le Mystik: ouverte en 2011, c’est le symbole parfait du développement de la nuit éléctronique à Séoul. Toutes les deux semaines, le patron, Steven Kwak, reçoit les dj’s internationaux et les emmène manger un barbecue coréen pour les préparer à la foule présente au Mystik. Depuis mon arrivée, j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’y croiser Ame, Roman Flügel, Axel Boman ou encore Henrik Schwarz.
La deuxième boite est le Cakeshop: plus hip-hop que les autres, elle accueille pas mal de petits frenchies de Roche Musique, ClekClekBoom ou Marble ainsi que des dj’s séoulites plutôt calés trap que techno. Le Social Club coréen en quelque sorte.
La troisième boite importante d’Itaewon est toute nouvelle (1 mois), mais le concept m’a tout de suite attirée. Kammer est difficile à trouver. Dans une petite rue du quartier, il y a un petit bar au dessus d’un autre petit bar, et au fond de ce petit bar, il y a une petite porte. C’est derrière cette petite porte que se trouve le nouveau club de Marcus Eastmask, créateur du label Ameniia et lui-même dj. Ayant vécu à Berlin, Marcus n’a jamais oublié son pays natal et a toujours été très investi dans la vie nocturne séoulite. Kammer, c’est la définition de l’intimité. L’endroit est petit mais agréable, le staff est accueillant. On s’y sent comme dans son salon avec sa propre sono (en mieux).
LES ROOFTOPS
Je croyais adopter la nuit séoulite, c’est finalement elle qui l’a fait, me faisant vivre des soirées mémorables dans un univers totalement différent de celui que j’ai toujours connu. Vous venez quand ?