Le groupe Pas-Sage porte bien son nom. Il s’agit avant tout d’une bande de copains amateurs de Free et rêvant d’un mouvement de fête libérée de toute contrainte, norme et convention. C’est pour concrétiser ce projet qu’ils ont créé le collectif Pas-Sage, matérialisant ainsi un cadre légal autour d’un esprit rave.
Depuis leur toute première soirée, en Juin 2014, Pas-Sage a organisé nombre de soirées fidèles à leur projet qui prend le contre-pied des soirées en club parisiennes –qui, il faut bien le dire, ont réellement tendance à s’uniformiser et à se confondre– et proposant ainsi une nouvelle formule nocturne et festive, investissant des espaces atypiques et oubliés (des squats et maisons populaires, une friche industrielle, un train abandonné, entre autres) et basant son fonctionnement économique sur un système collaboratif d’entraide. Les évènements de Pas-Sage ne sont pas de simples soirées techno, ce sont de véritables rendez-vous pluri-artistiques qui proposent différentes activités à échelle humaine : de l’espace, pas trop de monde, et des tarifs défiant toute concurrence…
Expectations
Ainsi, lorsqu’il ont annoncé qu’ils organisaient le vendredi 1er avril une soirée d’anniversaire pour célébrer leurs deux ans, on s’attendait tous à quelque chose d’énorme, une belle nuit reflétant l’esprit du collectif et l’essence de leur projet. Ce serait mentir que de dire qu’ils ne nous ont pas déçus.
En effet, on nous avait fait rêver avec un teasing qui promettait une soirée grandiose : secret warehouse de 800 m², chill extérieur de 400 m², un soundsystem Funktion One de 10 Kw, des artistes fracassants, une scénographie léchée et des consos à tout petit prix… C’est vrai que ça fait saliver. D’autant plus qu’on avait en tête (cette jolie vidéo aidant) l’historique des dernières soirées organisées par le Pas-Sage, génialement underground, poussiéreuses et sauvages. Voilà pourquoi on s’attendait à brûler nos calories toute la nuit dans un basement ou un hangar un peu dark pour célébrer l’esprit rave tant revendiqué par le collectif.
Reality
Personnellement, tout ce que j’ai brûlé de la soirée, c’est clope sur clope en essayant -en vain- de chasser mon scepticisme. Le lieu de cette « orgie d’anniversaire » a bien sûr été dévoilé le jour J : il s’agissait d’une salle à Noisy-le-Sec, à une dizaine de minutes à pied du métro Bobigny Pantin. Certaines promesses ont été tenues : l’intérieur était réellement très spacieux, l’aménagement du coin chill était réussi, les consos vraiment pas chères et le riz cantonnais délicieux. Cependant, de (trop) nombreux bémols sont à relever :
La secret warehouse a effectivement surpris tout le monde, mais pas vraiment dans le bon sens. Nous nous trouvions en fait dans une salle des fêtes un peu kitsch, partiellement décorée sur le thème de l’enfance (?) avec des jouets en peluche, des guirlandes fluos et quelques lumières disposées ici et là. Niveau scénographie et lieu, on a connu plus léché et le Pas-Sage nous avait habitués à bien plus atypique.
Du côté du soundsystem, là aussi l’expérience fut décevante. C’est génial d’avoir 800 m² pour danser tout son soûl, mais si le son ne porte pas à plus de 3 mètres, c’est inefficace. Conséquence : les danseurs étaient agglutinés devant la scène, et la salle paraissait tristement vide derrière eux. Le reste stagnait à l’extérieur dans un chill sympa mais qui s’est malheureusement assez vite mis à sentir la gerbe, surblindé d’une population aux pupilles dilatées, à la mâchoire dansante et à l’élocution difficile… Angoisse.
Maybe next time ?
Déception, nf : Etat causé par l’écart entre les attentes et la réalité, désillusion, déconvenue.
La soirée d’anniversaire de Pas-Sage colle assez bien à cette définition. Tous les retours que j’ai pu entendre ou lire, pendant et après la soirée, s’accordent : on s’attendait à bien autre chose, et on reste terriblement sur notre faim. Cette boom party a laissé perplexe une majorité d’entre nous, et si certains ont su y trouver leur compte, la tendance générale est à l’insatisfaction. Il est difficile de savoir si cette nuit tient de l’échec ou du poisson d’avril (qui serait, dans ce cas, le plus réussi de l’année).
Bien sûr, on ne doute pas une seule seconde de l’investissement du collectif dans l’organisation de l’événement et il est évident que l’équipe s’est donné du mal. Mais le décalage entre nos espérances et le résultat est tel qu’il est impossible d’être satisfait. Toutefois, on garde en tête les très belles nuits qu’a déjà su organiser le collectif, et ces souvenirs balancent heureusement notre jugement. Je reste très confiante quant à la capacité de l’équipe à rattraper le coup et à redresser la barre. Maybe Probably next time.
Report par Charlie Calamel Duprey