Cette année, Astropolis nous ouvrait ses portes pour la 22ème édition. Malgré la profusion des festivals électroniques en France, Astropolis ne vieillit pas et se maintient au top des classements. Mais pourquoi tant de bruit autour de ce festival quand les amateurs de techno n’ont que l’embarras du choix pour sortir ?
Astropolis en quelques mots
Ancré dans la ville portuaire de Brest, à l’extrême Ouest de la péninsule bretonne, on a connu plus facile d’accès. Cela explique sans doute que malgré sa notoriété, le festival reste à taille humaine et qu’on y croise essentiellement un public breton. Cette situation géographique, loin de jouer au détriment du festival, contribue pleinement à son identité. Un lieu enchanteur (le site du Manoir de Keroual), un climat capricieux (on adooore danser en pataugeant dans la boue), les Bretons et leur légendaire radicalité quand il s’agit de faire la fête, une route de pèlerinage pour ceux qui viennent de loin … Bref, autant de choses qui font d’Astropolis cette Cité des étoiles tant convoitée.
Pour ceux qui sont encore sceptiques et qui n’osent pas s’aventurer hors des soirées parisiennes, il y a des signes qui ne trompent pas, comme l’excitation des dj’s de s’y produisent alors que leur métier les pousse à enchaîner les dates. Dans une interview pour le magazine Manifesto21, Electric Rescue, qui a déjà 20 ans de carrière et un lien particulier avec le festival, disait à son propos : « Astropolis est la meilleure teuf du monde. Ce n’est pas le plus gros , ce n’est pas le plus beau festival , mais il y a un truc de plus qu’ailleurs et j’ai jamais retrouvé ça. C’est simple, sans chichi, et en même temps tout est fait dans le respect. Ils ont réussi à mêler les ingrédients parfaits pour la techno. » tout en concédant que ceux qui cherchent le « côté chic et confortable de l’electro » peuvent ne pas s’y retrouver. Quant à Sébastien Devaud aka. Agoria, il a fait sa déclaration d’amour à Astropolis en se chargeant de rédiger l’édito du festival : « Il n’y avait pas d’argent, pas de moyens, beaucoup de débrouille, et des tonnes d’emmerdes. Il fallait être à la fois ambitieux et dingue, la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. De mes débuts, Astropolis est le seul et unique festival français qui a perduré. Et si j’ai moi-même organisé énormément de soirées, cofondé un festival, Astropolis a toujours été ma référence (…) ».
Je crois qu’à travers ces paroles de professionnels, on tient une partie de l’identité d’Astropolis et les raisons de son succès: un festival aux accents rave, des organisateurs fins connaisseurs de l’univers musical électronique et un public hétéroclite et joyeux.
Et sinon Samedi soir, c’était comment ? Report au Bois de Keroual
Chaque année, le site du bois de Keroual accueille la grosse soirée du Samedi, répartie entre cinq scènes désormais bien connues du public: la Cour (de loin celle qui a le décor le plus impressionnant), l’Astrofloor (où l’on retrouve surtout les têtes d’affiche), la Mekanik (pour les artistes plus expérimentaux mais aussi les amateurs de grosses basses), la scène Tremplin et la Chill-out.
Avec sa programmation musicale, Astropolis reste fidèle à lui-même. De légendes du genre (Len Faki, Emmanuel Top, Madben, Kerri Chandler, Agoria), mais surtout de la qualité et des découvertes. Franchement, j’ai rarement vu une line-up de festival où tant de noms m’étaient étrangers, alors que ça devrait toujours être comme ça.
Après un trajet en navette plutôt chaotique (la solitude du pass presse quand tes potes sont déjà sur le site du festival et que, pour faire ton boulot, tu arrives après tout le monde en prenant un bus plein de fêtards saouls), j’arrive sur le festival où je retrouve mes repères, comme à la maison ! Pour commencer la soirée, Kerri Chandleret son set deep house énergique est parfait pour se mettre en jambe.
Pendant que je jette un coup d’oeil aux différentes scènes, je me laisse littéralement attraper par le live de Venetian Snares à la Mekanik. Bien que j’ai plusieurs fois aperçu son nom, il était inconnu à mes oreilles. C’est la bonne surprise de la soirée. Quel plaisir de pouvoir découvrir en festival un artiste avec un univers si alternatif, si particulier … Plutôt sombre et expérimental, on ne danse pas mais on écoute religieusement. Je ne saurais dire si c’était agréable ou beau, mais c’était captivant. La seule comparaison qui m’est venu à l’esprit est le toulousain Mondkopf, et j’ai d’ailleurs appris qu’ils avaient déjà été programmés aux mêmes soirées. En parlant avec quelques personnes du public, je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à ne pas connaître Venetian Snares et, pourtant, on restait là, désemparés mais ravis (à l’exception d’un garçon qui m’a demandé « Mais, c’est de la musique ça? » avant de s’enfuir, je ne mens pas, en courant). Ensuite, la scène Mekanik est retournée à son univers de prédilection, le hardcore, avec un Manu le malin qui a envoyé ce qu’il avait de plus agressif à son arc, et la guère plus douce Elisa Do Brasil.
S’il y a bien un artiste que je ne voulais pas manqué, c’est Electric Rescue qui se produisait à l’Astrofloor en fin de soirée. Le live s’annonçait comme un incontournable de la soirée car l’artiste qui a déjà fait ses preuves a sorti en Avril son nouvel EP Texture shot plein de pépites. Un moment hors du temps, entre émotion, mélancolie et puissance des basses.
Au petit matin, le site du festival a un peu été déserté par la foule. La boue a eu raison de l’énergie de certains festivaliers alors qu’elle a été reçue par d’autres comme une aubaine pour faire un concours de roulades.
La nuit de samedi en vidéos
Cette 22ème édition d’Astropolis nous a emmené dans un univers techno brut et brutal, pas très dancefloor mais très authentique. L’ambiance était sombre, grisaille et pluie aidant, agitée de kicks, de bass, de fuseaux de lumière francs qui frappaient l’obscurité, comme la lumière des phares qui guide les marins à bon port.