Ce n’est pas le sujet le plus évident à aborder mais il est primordial d’en parler sans tabous : le consentement sexuel dans les lieux festifs. Créée en 2018, L’association Consentis en a fait son cheval de bataille. Nous avons tenté d’en savoir plus en posant quelques questions à cette association qui, on l’espère, fera réagir et permettra de libérer la parole.
Interview de Mathilde, une des deux fondatrices de l’association.
ItinéraireBis : bonjour, pourquoi s’attaquer au problème du consentement en particulier ?
Consentis : bonjour ! Nous avons choisi de nous attaquer au consentement sexuel en particulier parce qu’on ressentait un gros décalage entre la définition du consentement et ce qu’on entendait au fil des conversations et sur les réseaux sociaux. En fait, on entendait plein d’histoires de soirées où le consentement n’était pas respecté et où les agressions sexuelles sont banalisées. C’est l’accumulation de ces histoires qui nous a poussées à créer CONSENTIS.INFO en janvier dernier à Paris.
En savoir plus sur le site consentis.info
Le consentement est une notion assez floue, beaucoup de personnes associent ça à « un contrat à signer », à quelque chose de chiant qui enlève toute séduction, qui supprime le charme des rencontres fortuites. C’est vrai ?
Faisons un point définition : le consentement sexuel est le fait de s’assurer, avant d’entreprendre une activité sexuelle, que son·sa partenaire l’accepte de son plein gré sans être ni violenté·e, ni surpris·e, ni contraint·e. Rien n’indique la présence d’un contrat ! En ce qui concerne la séduction, nous trouvons qu’il n’y a rien de plus attirant qu’un·e partenaire qui a aussi envie de toi et qui te le montre. Il est tout à fait possible de séduire en respectant le consentement de l’autre et en général ça marche mieux qu’une main aux fesses non désirée ! On a tout à gagner à s’intéresser à l’autre, à chercher à comprendre ses envies, et à le respecter.
J’imagine que ce n’est pas un sujet facile à aborder avec des personnes en soirée, qui sont présentes plutôt pour s’amuser entre potes ou pour écouter du bon son. Comment arrivez-vous à vous faire entendre ?
C’est vrai qu’il y a plus amusant comme sujet d’accroche que les violences sexuelles faites dans les lieux festifs ! C’est un sujet grave et parfois ce n’est pas facile de lancer cette conversation. Mais souvent, après que nous ayons présenté l’association lors d’un événement de prévention, les langues de nos interlocuteurs·ices se délient et témoignent les mauvaises expériences qu’ils·elles ont vécu. Nous avons jusqu’à présent toujours été bien reçues. Ensuite pour rendre l’échange plus agréable, nous avons pensé à des moyens d’interagir avec les visiteur·se·s et de capter leur attention. Par exemple, le 27 mai dernier à l’événement “Melting Potes” (à Garage) où nous tenions un stand Consentis, nous avons proposé à nos visiteur·se·s de venir colorier le rapport illustré de l’étude que nous avons mené à propos des violences sexuelles dans les clubs. Aussi, nous communiquons sur les réseaux sociaux notamment Facebook, Twitter et maintenant la presse.
Existe-t-il des solutions miracles pour que tout se passe mieux ?
Et bien oui : il y a une solution miracle pour que tout se passe mieux ! Il s’agit d’instaurer une culture du consentement dans les lieux festifs. Bien sûr, cela ne se fait pas d’un claquement de doigt. C’est un long processus que de changer les mentalités. C’est pour cela que nous vous invitons chacun et chacune à lancer le débat chez vous, avec votre entourage et avec votre famille : que signifie le consentement sexuel ? Qu’est-ce qu’une agression sexuelle ? Quelles formes prend le sexisme dans les lieux festifs ? Autant de questions auxquelles beaucoup pensent, à tort, connaître la réponse.
L’un des objectifs fondamentaux de Consentis est d’enseigner les définitions du consentement, d’agression/harcèlement sexuels et de la culture du viol.
Faisons un point :
Une agression sexuelle se caractérise par tout acte de nature sexuelle imposé à autrui par la violence, la menace, la contrainte ou la surprise.
Le harcèlement sexuel a lieu lorsqu’une personne impose à une autre de façon répétée des propos ou comportement hostiles et sexuellement connotés qui lui portent atteinte.
Aussi, le concept de culture du viol mérite d’être défini. Pour le dire simplement, une société et plus ou moins encline au viol qu’une autre. On peut l’expliquer par la domination masculine, de l’objectivation de la femme et de l’érotisation et la banalisation des violences sexuelles dans des produits culturels par exemple. Prenons un exemple : dans l’industrie du cinéma dirigée essentiellement par des hommes, beaucoup de scènes d’agressions sont à l’écran et diffusées sur des chaînes publiques. Par des scènes d’agressions, j’entends des scènes où le consentement n’a pas été respecté. Vous vous rappelez le moment où James Bond viole Pussy Galore dans une étable dans Goldfinger ? Peut-être que cela ne vous a pas choqué : en effet parce que c’est complètement banalisé.
C’est contre cette culture que nous menons nos campagnes de sensibilisation et pour l’instauration d’une culture du consentement dans les lieux festifs !
Une campagne de communication disait « le consentement, c’est sexy », êtes-vous d’accord avec cela ?
Notre réponse est non : le consentement est obligatoire ! Cependant, nous comprenons les intentions de ce slogan qui prône une sexualité positive. En effet, comme expliqué plus haut, entendre le consentement de la personne avec qui nous souhaitons aller plus loin et donc respecter le désir de l’autre et se sentir désiré·e entraîne un jeu de séduction qui lui peut être très sexy. Ce qui n’est pas sexy, et on le rappelle, qui est condamnable s’il s’agit d’une activité sexuelle, c’est de forcer quelqu’un·e à faire quelque chose dont il n’a pas envie.
Il paraît que vous avez de beaux stickers, quand est-ce qu’on pourra vous rencontrer pour en récupérer et discuter avec vous ?
Merci ! Nous les aimons beaucoup aussi ! Vous pouvez à tout moment nous contacter via notre page Facebook Consentis.info (nous répondons très rapidement), notre Twitter Consentisinfo et nous vous invitons aussi à visiter notre site internet !
