Cette année, John Beauregard a de nouveau invité les plus grands rois à son banquet musical. Pour fêter ses 10 bougies, les convives ont atterri en Normandie afin de les souffler à ses côtés.
Fort de dix éditions, le festival a pris une ampleur considérable, le propulsant ainsi parmi les événements musicaux de l’été. Beauregard fait de son éclectisme un atout. Sa programmation mêle à la fois grands noms et talents montants. A taille humaine, le parc s’étend d’une scène à l’autre. Il y en a pour les oreilles, mais aussi le palais. Spécialités normandes, artisanat culinaire et bières pressées étaient à l’heure de l’apéro.
Arrivés le second jour après quelques kilomètres de bouchon entre départ vacanciers et week-ends parisiens à la campagne, les festivités sont déjà lancées au château.
Eddy de Pretto envoûte la seconde scène par sa sensibilité et son habileté de la langue latine. Bien qu’il en soit à ses débuts, le jeune chanteur réunit autour de lui une communauté diverse, portant à bout de bras les drapeaux LGBT.S’en suit Julien Clerc, grand homme de la chanson française. Ce dernier, découvert par Hair, n’a rien perdu de sa jeunesse. A 70 ans, accompagné de son orchestre, il interprète des morceaux des années 60 et 70, comme « Ce n’est rien » ou « Cœur de rockeur », tous chantés en cœur. Il se retire de la scène par une version de « Partir », jolie révérence après plus de 50 ans de carrière.
Le concert de Black Rebel Motorcycle Club est décevant. Leur son rock’n’roll est effacé par leur allure gominée et leurs cuirs étriqués. Peter Hayes entre sur scène avec un couteau qu’il vient planter dans une enceinte avant de commencer le concert. Une mise en scène surfaite qui se révèle bon prétexte pour aller déguster des fish and chips de chez Dolly’s.
Les vétérans de ce week-end sont sans attente Simple Minds. Ils ouvrent le bal par l’un de leurs derniers morceaux sorti sur l’album Walk Between Wolds. Dans une pop sophistiquée et épurée de new wave, le groupe propose quelques morceaux de New Gold Dream, qui reste le meilleur album de leur longue carrière. Le concert se clôt par les plus grands hits des années 80 dont « Don’t You Forget About Me » (B.O du film The Breakfast Club) ou encore « Alive and Kicking ». Entouré de musiciennes hors pair, le duo restant de Simple Minds n’a pas permis de son énergie. Un enthousiasme sur scène qui laisse sans voix.The Offspring ont bercé cette jeunesse adolescente rock garage, skate aux pieds, lecteur-CD dans les oreilles. Sans grande surprise, riffs de guitare et tubes sont au rendez-vous.
Carpenter Brut est l’incontournable de cette seconde nuit. Oscillant entre électro et hard rock, la formule est parfaite. La reprise du « Maniac » de Michael Sembello qui conclue le set se termine dans l’hystérie collective. Pour terminer, Soulwax, projet de marque des 2 Many DJ’s, réchauffe dans la fraîcheur de la nuit. Ils offrent un DJ set classieux, à mi-chemin entre Kraftwerk et électro festive.
Le dimanche est rythmé par de jolies découvertes électro/indie. Le quatuor de Parquet Courts reste dans une tradition du garage rock. Leurs ballades dissonantes offrent une palette de tonalités plus vaste à leur registre fougueux. Avoir l’air désinvolte tout en ayant une technique et une esthétique impeccables, c’est là le tour de force de Parquet Courts.
Oscar and the Wolf entre ensuite sur scène dans une démarche quasi religieuse. Créatures en quête d’éternité, voilà ce qui inspire le talent de la sensation belge électro-pop. Il revient ici avec son deuxième opus, Infinity. Son sens aigu de l’esthétique, tant dans ses clips très soignés que dans ses performances scéniques, a permis à Max Colombie de créer un véritable univers fantastique dont il est la divinité.
Les jumelles Lisa Kaindé et Naomi Diaz qui forment Ibeyi, illuminent cette soirée dominicale. Par des morceaux organiques teintés de soul, le binôme s’est rapidement imposé sur la scène internationale. Entre son cubain, soul et hip-hop, elles transmettent leur vision du monde et leur héritage culturel, qui est d’ailleurs au cœur de leur deuxième album Ash. Leur prestance scénique ensoleille la seconde scène, jusqu’au coucher du soleil.
Une décennie bien fêtée, chez Beauregard cette année.
Aftermovie de l’édition 2018
Crédits photo : Hugo Jehanne