Au milieu des magnifiques paysages de la forêt d’un château du XIII ème siècle et de son lac, HORST nous invitait à découvrir une programmation musicale et artistique haut de gamme pour un week-end envoûtant les 7, 8 et 9 Septembre derniers. Au cours des quatre dernières années, il a évolué vers une vision rafraîchissante de ce que peut être un festival en combinant un programme musical riche et varié avec des arts visuels in situ et en enrichissant le tout avec les idées d’architectes et de designers respectés. Voici un petit feedback de ces 3 jours hors(t) du temps dans la campagne belge, entre verts pâturages et forêt pour la dernière édition de ce festival unique.
A tout juste 45 minutes de voiture de Bruxelles, perdu au milieu des vaches et des chevaux, surgissent les lueurs multicolores des guirlandes éclairant le camping. Niché entre une petite bergerie et la forêt bordant le château au bord duquel se tient le festival, une bonne douzaine de bénévoles accueillent pas à pas les premiers festivaliers arrivés dès le vendredi midi. Les premiers artistes ne commencent qu’à 17h mais déjà le camping se remplit et on peut sentir la joie et la bonne humeur illuminer les visages du public déjà présent.
Vendredi
Après un petit tour pour s’imprégner du lieu, découvrir l’architecture unique et l’ambiance de chacune des 3 scènes, on commence donc avec le set d’Oceanic sur la Final Stage (le nom prendra tout son sens un peu plus tard dans la soirée), dont on retrouvera d’autres acolytes produits sur le label Nous’klaer tout au long du week-end. Le public est encore un peu clairsemé mais ses mélodies breakées hypnotisantes captivent déjà l’audience.
Direction ensuite la Forest Floor, montée sur échafaudages et dont les parois s’illuminent au rythme du son, légèrement isolée du reste du festival puisque, comme son nom l’indique, nichée au milieu de la forêt. Dj Sports est aux commandes et propose un voyage sonore aux sonorités exotiques et orientales légèrement Ambient qui colle parfaitement à l’ambiance « lost in the woods » de l’endroit.
Puis c’est sur le Lakeside Dancers Club, scène dessinée et bâtie par le célèbre collectif japonais Bow Wow, au bord de l’étang que se poursuit la fête. Et là, c’est la grosse claque de la soirée. Hunee, non content d’être déjà connu et reconnu pour sa technique et sa bibliothèque musicale aussi diverses qu’irréprochables, sort de sa zone de confort et offre un set particulièrement énergique à son public mélangeant grosses pépites disco house et morceaux mélodiques ronronnants et bondissants faisant basculer la foule dans une euphorie et une joie manifestes avant le closing de Job Jobse. Le néerlandais, manager du label Life & Death, terminera d’ailleurs par un set de toutes les émotions, jonglant de la Melodic à la New Wave en passant par la House et la Techno pour finir sur de la Trance.
A 3h00, le son se coupe mais le staff laisse entendre que ce n’est pas fini. Le festival doit seulement se vider quelques minutes pour permettre aux bénévoles de nettoyer la Final Stage et ainsi accueillir les festivaliers qui souhaitent partager un dernier verre autour d’un feu de camp. Chacun peut amener son enceinte et c’est donc un battle improvisé qui s’organise entre les derniers survivants d’une soirée déjà épique.
Samedi
Le réveil est difficile pour les derniers couchés mais tout est fait pour offrir le maximum de confort aux résidents du camping. Au programme : douches chaudes gratuites, brunch (excellent et complet) offert entre et un petit set Ambient/Disco/House improvisé sur la Final Stage permet dès 11h aux premiers levés de commencer la journée sur les meilleurs bases possibles. A 13h, l’accès au brunch (situé à côté de la Final Stage) ferme pour préparer le début du festival et les premiers artistes débutent à 14h. Pendant ce temps-là, le camping accueille ses derniers résidents (le camping était sold out) et tous les moyens sont bons pour s’occuper : entre les parties de cartes, les séances de bronzette, le match de foot improvisé au milieu des tentes et le molki version canettes de Vedett (bière partenaire de l’événement) l’ambiance est bon enfant.
Passés les premiers noms qui commencent cette journée tranquillement, arrive un des deux seuls lives du festival avec la new-yorkaise Octo Octa. Sa musique émotive et sincère transparaît pleinement à travers ses instrus si propres à son style et l’énergie qui se dégage de sa performance forge l’admiration du public. Arrive ensuite Maurice Fulton, dont le set Disco/House finit d’enflammer un public déjà bouillant. Les découvertes s’enchainent, personne ne connaît les morceaux mais la foule est déjà en délire alors qu’il n’est que 19h30 !! Puis DMX Krew débarque, l’autre live du week-end, et les premières minutes confortent le public dans sa quête de House en le renvoyant dans le Chicago des années 90.
Direction ensuite le Lakeside Floor qui offre une magnifique vue sur l’étang et le Château grâce au soleil radieux et la température parfaite pour une danse en plein air. On continue dans la touche féminine avec la danoise Anastasia Kristensen suivie d’Avalon Emerson qui ont toutes les deux su, tout en gardant une ligne directrice cohérente tout au long de leur set, transporter les spectateurs à travers tous les styles. En mélangeant touches acidulées, gros synthés, rifs de trompettes, guitare gipsy, Rap et même R&B, chacun a pu apprécier une sélection musicale très large et harmonieuse. Puis c’est le grand DJ Bone qui est venu terminer ce beau travail en amenant davantage de punch et profiter de la motivation sans faille du dancefloor pour se déhancher jusqu’au bout de la nuit. Un petit passage par la scène du norvégien Fett Burger sur les conseils avisés d’artistes croisés dans le public aura fini de convaincre tout le monde que chaque artiste amène une touche personnelle au festival et emmène avec lui tous les festivaliers dans un voyage artistique spatial, visuel, sonore et sensitif unique.
Dimanche
Après un after plus sobre et terminé plus tôt que la veille, place donc au brunch toujours aussi délicieux mais, cette fois-ci, sans musique. On nous propose cependant un tour afin d’admirer les diverses œuvres exposées un peu partout sur le site du festival. Notre curiosité est piquée et s’ensuit donc une visite guidée à travers la forêt à la découverte des sculptures, fresques et autres projets architecturaux dévoilés au public. Le but de chacune d’entre elles n’est pas de changer son environnement mais bien de s’y mêler. On retrouve par exemple cette fontaine de périscopes géants qui émergent de l’étang, formant une moitié d’harmonica à la surface ou encore cette sculpture semblable à un enchevêtrement de troncs d’arbres en forme de mini labyrinthe. Le guide prévient également qu’il y aura un spectacle de lumières sur le lac pour cette dernière nuit, préparé par des créateurs résidents du fameux club De School à Amsterdam et c’est même un effet « aurore boréale » que le public retrouvera avec l’étang en guise de miroir une fois la nuit tombée. Pour bien résumer la volonté des artistes à travers ces œuvres, une affiche raconte que « Horst essaie de créer un seul et unique environnement ou langage entre la musique, les scènes, les œuvres, la nature et les gens. » Car en effet, les scènes sont également des œuvres à part entière.
Musicalement, cette dernière journée commence avec les sets du luxembourgeois Cleveland et du hollandais Woody 92 sur la Final Stage, l’occasion de croiser Skatebard (qui jouera ensuite sur la Lakeside) dans le public et d’échanger quelques sourires complices et malicieux avec cet artiste toujours souriant et amical. Pendant ce temps-là, le public se trémousse sur la house tout en percussions exotiques de Cleveland avant que Woody 92 ne prenne le relais et continue d’enflammer le dancefloor. C’est ensuite au tour de la légende Mr Scruff accompagné au micro de MC Kwasi de faire définitivement entrer le public en communion avec son environnement. Le caillebotis en bois rebondit au rythme de la basse et c’est une véritable vague de danseurs totalement en rythme que l’on peut observer en arrivant sur la scène.
Un passage par le stand merchandising permet même de ramener un petit cadeau souvenir puisque deux modèles de pin’s et d’affiches du festival sont généreusement offerts sur simple demande au staff de la boutique.
Il est pourtant déjà l’heure de passer voir la fin du norvégien Skatebard au bord de l’eau pour l’admirer pousser la chansonnette avec une chorée digne d’un chanteur d’opéra derrière ses platines. Puis débarque Palms Trax qui transporte tout son auditoire des années 80 à nos jours grâce à un répertoire disco/house aussi riche que Bill Gates. On en profite pour découvrir ou redécouvrir des titres parfois oubliés tel que ce Stargazing d’Alisha déjà joué à Dekmantel et qui met tout le monde d’accord. Avant de finir sur cette même scène avec Motor City Drum Ensemble, on repart prendre une dernière petite dose de Mr Scruff parce que c’était quand même bien bon !! Mais le closing du festival se fera donc avec les galettes sorties de nulle part de l’allemand, toujours impeccable techniquement et qu’on verra même lâcher quelques sourires à certains danseurs fous du premier rang. On retiendra ce moment de communion totale avec le public à qui on vient de distribuer des bougies pétillantes. Tout le monde allume tout en même temps et c’est tellement beau qu’on sent les larmes monter et les yeux s’alourdir.
A peine fini qu’on veut déjà que ça recommence. A peine rentrés que cette forêt enchantée et son château magique nous manquent déjà. Et oui, HORST c’est bel et bien terminé car le Château accueillant le festival fermera ses portes au public en 2019 pour cause de rénovation.
On se rassure donc en se disant qu’on a au moins eu la chance de connaître le festival avant qu’il ne disparaisse et en se répétant ces quelques mots lâchés au micro par la voix des organisateurs à la fin du set de MCDE : « We will come back bigger next year ». On l’espère de tout cœur du moment que les ingrédients restent les mêmes : un cadre magnifique, un line-up très hétéroclite et pointu mais surtout un vrai respect et une considération de tous les instants pour son public. Cet été, les diables rouges n’auront pas eu d’étoile mais HORST nous en aura mis plein les yeux !
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p style= »text-align: center »>Crédits photo : HORST Festival