Amsterdam Dance Event 2018 : toujours plus colossal et fédérateur


L’été est passé, les feuilles jonchent le sol mais la fête, elle, ne s’arrête pas. L’Amsterdam Dance Event revenait cette année pour sa 23e édition – rien que ça – du 17 au 22 octobre 2018. 100 pays participants, 2500 artistes, une centaine de lieux investis et au total plus de 400 000 visiteurs. Retour sur ce festival fédérateur du genre au delà des frontières.

Difficile de passer à côté de ce festival colossal : professionnels, simples amateurs de musiques électroniques ou clubbers mensuels, l’offre de l’ADE est complète et chacun pourra y trouver son compte. Investissant chaque recoin de la ville, la capitale des Pays-Bas se transforme pendant quelques jours en épicentre d’une culture : celle des musiques électroniques. Réunissant des acteurs du monde entier ce n’est pas moins de 600 artistes qui sont venus s’exprimer sur divers sujets en 2018. C’est l’occasion de partager, échanger, apprendre et surtout valoriser ce milieu qui ne fait que gagner du terrain. Cette année, on pouvait retrouver des conférences autour de plusieurs thèmes comme « Le live est-il le futur des musiques electroniques ? » ou encore « Comment monter un business et le réussir ?». Si l’an dernier on pouvait écouter Nina Kraviz parler de l’évolution de sa musique cette fois-ci c’était au tour de Paula Temple de parler de sa collaboration avec Rebekah – pour ne citer qu’elle. Des artistes ‘en vogue’ il y en a, tout comme des figures emblématiques plutôt critiquées telles que David Guetta ou Martin Garrix. C’est l’occasion pour tous de venir présenter et défendre un projet. « This is the place to be », je l’affirme, et cela d’une année à l’autre puisque le renouvellement est constant. Citer le nombre d’événements que regroupe le festival est compliqué ; entre showcases, workshops, masterclasses, conférences et festivités, la vraie question reste : où faut-il donner de la tête ?


Jeudi


Il faut le dire : venir à l’ADE ce n’est pas comme aller à n’importe quel festival. C’est technique et ça s’organise. Après avoir analysé le programme et fait une sélection d’événements en amont, c’est l’heure d’embarquer. En bus, en train, tous les moyens sont bons du moment que la destination finale est atteinte. Il est 14h et tout commence par une masterclass avec Paula Temple dans une salle du centre culturel De Brakke Grond. L’artiste parle de sa façon de construire un live et ses astuces pour réussir – une vraie mine d’or pour ceux qui souhaitent se perfectionner aux côtés d’un professionnel. Situé au centre de la capitale, quelques minutes en vélo suffiront pour faire un tour chez le disquaire Rush Hour. Rien de particulier ne s’y passe mais c’est toujours le moment de digguer quelques pépites et d’aggrandir sa collection de disques. À 15h30, Paul Hazendonk, Martijn Mischgofsky, Benjamin Smit et Esther van der Poel prenaient la parole sur la manière dont il faut monter un business dans le milieu. Malheureusement, la Q-Factory qui accueillait cette conférence se situe à l’Ouest d’Amsterdam et la salle est bondée avant même que cela ne commence. Une erreur de débutant qui nous conduira finalement chez un autre disquaire : Bordello A Parigi. Rien n’arrive par hasard, le temps de se frayer une place à l’intérieur du shop pour découvrir que c’est Jeniffer Cardini qui mixe. Avec un peu plus de patience on l’aurait deviné puisque l’artiste passe plusieurs tracks du dernier Various de son label Correspondant. C’est Pariah qui prend la suite. Jeune et talentueux il faut le dire, connu sous son alias techno Karenn avec Blawan, il présentait dernièrement son premier album ambient ‘Here From Where We Are’ en août 2018 mais c’est de la House qu’il joua ce jeudi 18 octobre. La nuit tombe et les conférences se terminent. Un dernier tour à vélo pour passer à l’exposition ‘Photo Room’ qui met en scène le travail de plusieurs artistes. Installés dans une petite pièce, les spectateurs contemplent un assemblage de photos projeté sur trois murs et mêlé à des sonorités abstraites. Une journée bien remplie mais pas question de dormir. Pour ce premier soir, c’est un des nombreux événements Loveland qui retient notre attention. Âme b2b Dixon toute la nuit avec la scénographie qui les accompagne. La boule à facette est placée en évidence au plafond de la salle et le show débute. Les lumières tourbillonnent dans la salle, se mêlant à la musique, ne faisant qu’un avec les corps des danseurs, Dixon clôture ces moments impalpables avec Negative Space du groupe Hookworms.


Vendredi


Après une courte nuit, le soleil rayonne et le dilemme est total : aller s’enfermer dans une salle de conférence ou profiter du grand air en musique ? Entre une conférence avec Jean Michel Jarre et une présentation du travail de Max Cooper incluant sa manière de concevoir ses lives audiovisuels, c’est finalement Thuishaven qui aura raison de nous. Presque devenu un de nos rendez-vous préférés lors de l’ADE, Thuishaven c’est un peu comme une bulle magique ou plutôt un cirque devrait-on dire ? Avec trois chapiteaux, des performeurs, des parapluies méduses et des dragons géants on vous conseille d’éviter les trips hallucinogènes si vous voulez garder les pieds sur terre. Comme en 2017, c’est le label Life&Death qui amène ses artistes de 14:00 à 00:00 : Job Jobse, DJ Tennis, Gerd Janson et bien d’autres. Une fois cet échauffement terminé, direction une tout autre ambiance. Les soirées Intercell sont connues pour ne pas faire dans la douceur et on vous le confirme. Ce vendredi 19 octobre, le collectif s’allie au label Perc Trax pour proposer une soirée avec un line up cinq étoiles. I Hate Models, Perc, Ancient Methods ou Ghost in the Machines ; on savait donc à quoi s’attendre et on n’a pas été deçu. Une techno sombre qui nous emmène dans les abîmes de nos cauchemars les plus profonds.


Samedi


Tandis qu’un groupe se dirige vers l’after au loft pour assister au b2b entre Job Jobse et DJ Tennis, c’est le sommeil qui aura raison de nous. Après une courte pause – presque réparatrice – direction le showcase du label Nous’Klaer. Excentré, le lieu est un petit bar cosy : le Rolling Rock Kitchen avec une seule et unique scène intérieure. Des prix doux au bar, de la bière artisanale et un grand espace extérieur pour profiter du soleil, que demander de plus ? Ah oui, de la bonne musique. Lorsque nous arrivons c’est Arif aux platines qui nous gratifie d’un set très smooth. Mettant sa scène locale en avant, le label Nous’Klaer basé à Rotterdam n’est pas passé inaperçu pendant l’ADE puisque le média Resident Advisor en a aussi fait l’éloge. Assez loin d’Amsterdam Central, le lieu est en fait à côté du Shelter. Ce qui nous motive à y faire un tour pour la fin du set d’Oscar Mulero. Tout casser, tout casser, voilà les deux mots qui tambourinent dans nos têtes une fois que l’on sort des bas fonds du Shelter. C’était intense. Dernière activité de la journée, et qui plus est, très attendue : l’événement Resident Advisor. Pas mal d’artistes inconnus au bataillon pour nous – du moins jamais vu en live, et un nouveau lieu à découvrir : le Radion. Une programmation très pointue, jamais en doute, sur trois scènesdistinctes. Résultat : une belle première avec le b2b de Shed et des Zenkers Brothers, une découverte de l’artiste Terreke pour son set ambient et un closing magistral de Peter Van Hoesen.


Dimanche


Dernier jour de ce beau marathon et dernier événement avant le retour à la réalité. C’est avec le label Giegling que nous conclurons l’édition 2018 de l’ADE. De midi à trois heures du matin, le label allemand investissait une batisse mi café mi skatepark. Original n’est-ce pas ? Avec une belle hauteur sous plafond, il n’y a qu’une seule et même scène – tout en longueur – illuminée par de grandes lampes suspendues. Aux abords du booth on retrouve des formes abstraites en néon – les mêmes que sur la scène Giegling au Waking Life Festival (qu’on vous recommande tout particulièrement). Le tour du propriétaire est fait, et comme beaucoup l’attendait, le label a installé un coin pour vendre ses disques. Du dernier EP de Vril à l’album de Kettenkarussell, c’est surtout le various 2018 que la plupart des personnes souhaitaient se procurer. Pour perpetrer leur tradition, un membre de l’équipe appose une marque sur chaque disque à la craie. Loin de bien des labels, Giegling se démarque particulièrement pour ses événements intimistes où l’on retrouve ce côté familial. Pendant la soirée, il n’était pas rare de pouvoir échanger avec les artistes. Le bar mettait égalemment a disposition de l’eau en libre service, ça change des bouteilles d’eau à 5 euros non ? Parlons musique maintenant. Aucune time table n’était annoncée, on en a vite conclu que les artistes se sont réunis et arrangés sur place selon l’envie et le mood – même si Vril a bien joué son live d’une heure et pas une minute de plus. Tout en douceur, l’événement commençait avec les artistes ambient, micro, house pour aller progressivement vers des sons plus profonds. C’est le moment de voir ses morceaux favoris être joués dans la réalité, le dernier EP ‘Waves‘ de Molly ou l’album de Map.AcheVom Ende bis zum Anfand‘, la magie opère. Du jour à la nuit, de la lumière à la fumée, chaque détail compte et ça se voit. C’est dans une cohésion des plus totales, entre les artistes, leurs musiques, et le publique que la soirée s’achève.


Pour plus d’informations, rendez-vous sur leur site internet