Rencontre avec Bande de filles avant leur passage au Petit Bain le 21 septembre

ItinéraireBis a posé quelques questions à Naajet, Arabella et Léa du nouveau collectif Bande de filles pour parler de leurs actualités, de la place de la femme dans le milieu de la scène électronique en France et de leurs inspirations.


Salut les filles ! Une petite présentation s’impose pour ceux ou celles qui ne vous connaissent pas encore.


Naajet Spaciale : Salut ! Bande de Filles est un collectif qui nous unit toutes les trois autour d’une volonté de mettre en avant les femmes dans la musique électronique, et ce en leur offrant un espace d’expression le temps d’une soirée. C’est également pour nous permettre en temps que dj d’avoir plus de visibilité sur la scène. 


Racontez-nous un peu la genèse de Bande de Filles. Quel a été le déclic pour démarrer cette aventure ?


Naajet Spaciale : Le projet a commencé un peu par hasard à vrai dire. Arabella avait décroché un all night long au Chinois et m’a demandé de mixer avec elle. On s’est ensuite questionnées sur un troisième dj pour faire une jolie programmation et on a naturellement pensé à Léa (aka LeLeon). Après avoir hésité sur le fait de proposer un line-up 100% féminin, on s’est finalement arrêté sur le constat évident qu’un line-up 100% masculin est plus que commun, donc on a lancé l’événement. Suite à une soirée réussie, on était toutes les trois motivées pour continuer à faire vivre ce projet !


Selon vous, comment évolue la scène électronique actuelle quand on est une femme ? Est-on sur la bonne voie ?


Naajet Spaciale : Je suis de plus en plus optimiste sur l’évolution des femmes sur la scène électronique. Certes nous sommes encore loin du compte, et on a chacune je pense expérimenté des situations peu idéales. Mais je préfère voir le positif : il y a de plus en plus de dialogue et d’efforts sur le sujet, les soirées et djs féminins deviennent plus présentes et visibles, ce qui permet d’inspirer et de donner la possibilité à d’autres femmes de se lancer. Après si on veut pousser un peu le sujet, ce n’est pas juste jouer sur la parité qui est important mais plutôt se questionner sur pourquoi il y a moins de femmes que d’hommes qui se lancent dans la musique. Mais là il faut remonter à comment on éduque les filles et pourquoi on les pousse rarement vers des carrières artistiques. Long sujet, pour un prochain jour 😉 

Arabella : Je pense aussi que la tendance est bonne comme l’a bien résumé Najet. Reste à savoir si cela sera une tendance où si la prise de conscience va durer et que davantage de femmes qui aiment la musique oseront se lancer pour qu’un équilibre s’installe dans un milieu encore très masculin. J’espère aussi que de plus en plus de DA et d’organisateurs laisseront des chances à des filles qui se lancent d’entrer sur des beaux line ups, sans se cantonner au warm up. C’est vrai que l’ancienneté ca joue, mais les challenges et les opportunités c’est ce qui permet de se révéler!  

Léa : Comme l’ont dit les filles précédemment, il y a des bons et des mauvais côtés quand on est une fille. Être une fille c’est plus souvent une force qu’on essaye de mettre en avant et qu’on tente de défendre corps et âme. Quand on est bookées en club et qu’on tombe sur un public pas très averti, certains sont assez surpris de voir des filles mais parfois c’est encore mieux. Une fois avec Ara on a fait le mini-club de la Rotonde, après notre set, il y avait une dizaine de nanas à côté du booth, elles nous ont proposé des coups et nous ont félicités. On se reconnaît en elles et inversement. 

Aujourd’hui on voit clairement qu’on arrive à se détacher de certains clichés, qu’on prend en puissance. Et au bout du compte une grande majorité des promoteurs, clubs, staffs et même le public est super bienveillant. L’idéal ça serait que dans quelques années ça ne soit plus une surprise de nous voir derrière les platines ou de nous demander si on est la copine du dj alors qu’on est le dj haha !  


Quelles sont vos inspirations féminines derrière les platines ? 


Naajet Spaciale : Pour ma part, The Black Madonna, Jayda G, Peach et l’incontournable business woman Peggy Gou.

Arabella : Côté production j’aime beaucoup Avalon Emerson et Roza Terenzi, pour sa selecta hors pair Paquita Gordon et enfin pour des sets qui déboitent Tama Sumo, Shanti Celeste et Peach. Niveau inspiration personnelle dans mes sets ça date un peu mais j’aimerais bien aller vers un style à la Miss Kittin 🙂

Léa : De mon côté, mon premier émoi féminin c’était Cinthie. À l’époque où la majorité des Boiler room avaient lieu au Stadtabd à Berlin, j’étais juste fascinée par sa confiance en elle, sa technique, sa vibe…

Molly aussi m’avait beaucoup marqué avec sa résidence au Rex, les soirées Head-on et dans mes souvenirs à cette époque là, très peu de femmes avaient de résidences dans des gros clubs parisiens. Après… Sassy J, Carista, Titia, Lena Wilikens, Tijana T… Plus globalement cette nouvelle génération européenne qui émerge depuis ces dix dernières années. 


Après un premier apéro de la rentrée à la folie paris pour la soirée Pandora x Well Well Well le 31 août dernier, vous allez passer sur la terrasse du Petit Bain le 21 septembre pour la soirée Hang the Dj pour un format 18h-minuit. Quelle est la patte musicale de Bande de Filles ? 


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Naajet Spaciale : On a chacune un univers bien précis et personnel, tout en se retrouvant musicalement sur pleins de points. C’est ce qui fait notre force ! J’ai personnellement un style très House, assez groove et soulful (très 90’s), tout en étant méga Disco par moment, et en ajoutant des notes plus World et Techno.

Arabella : Oui, on se complète et il y en pour tous les goûts! Pour des sets Bandes de filles qui bougent comme c’était le cas au A La Folie, j’ai tendance à jouer de la house bien groovy, de l’italo disco un peu retro futuriste, de l’acid house et des morceaux de breakbeat aux touches ambient, et si je suis très chaude (haha) ca finit en techno mélodieuse avec des bons sons trance ou house progressive des 90’s. Pour des sets plus posés comme ca sera surement le cas à Petit Bain, je suis une grande fan de Funk, french boogie, afrobeats et disco house <3

Léa : La force de beaucoup d’univers artistiques, ou même sociologiquement parlant, c’est la diversité. Toutes les trois on a eu une éducation musicale différente et c’est vrai qu’on se complète super bien. Pour ma part je suis fana d’afro, ça passe par l’afro disco, l’afro beat, l’afro house… la house, la techno, un peu de break… Que du feeling 🙂 


Vous êtes 3 filles (Arabella Coste, LeLeon et Naajet Spaciale) dans le collectif. Avez-vous l’envie d’agrandir la famille à l’avenir ou d’organiser vos propres événements 100% féminins ?


Naajet Spaciale : C’est justement cet aspect du projet qu’on aimerait développer. Pas spécialement avoir d’autres membres “fixes” dans le collectif (du moins pas encore), mais on cherche en effet à organiser des événements en invitant des artistes féminins qu’on aimerait mettre en avant. Stay tuned 😉

Arabella : Pour cette année, on réfléchit aussi à mettre en place des podcasts sous forme de radio show, en invitant certaines artistes féminines à s’exprimer le temps d’un set et avec une mini interview avant. Pour les soirées à venir, inviter des guests en leur donnant un bon temps de set, connues ou pas connues dans cette idée d’être ouverte à toutes.

Léa : Après il y a beaucoup de mecs qui nous ont soutenus depuis le début du projet, vous les verrez sur quelques plateaux également 😉 


On adore découvrir de nouvelles pépites chez ItinéraireBis. Quelles sont les nouvelles artistes féminins à suivre ?


Arabella : Paquita Gordon commence à faire ses marques et va vite grimper je pense, j’aimerai bien la voir jouer à Paris car elle n’y est passé qu’une fois (à bon entendeur..) et chose rare et respectable de nos jours, elle mixe only vinyl. 

Léa : Il y a peu j’ai découvert Gabriella Vergilov, je connaissais pas du tout, c’est-le-feu ! 


Petite parenthèse personnelle : quelles sont vos actualités chacune de votre côté ? Des projets personnels à venir ?


Naajet Spaciale : J’ai quelques dates perso en vue avant la fin 2019, mais je travaille surtout en amont pour le pic d’activité au printemps/été ! Après je commence doucement la production avec un tout premier EP à paraître avant l’hiver : une petite release (en digitale) avec deux edits Disco. 

Arabella : A venir, j’ai envie de faire plusieurs podcasts en solo afin de définir de mieux en mieux mon style et avoir du contenu sur ma page. J’ai la chance d’être bien entourée de producteurs de talents 😉 du coup, j’ai envie de tester la production de musique cet hiver, petit à petit. A côté, je pense que ma curiosité artistique, qui est très forte, m’amènera à voyager pour faire des événements musicaux en Europe, j’ai envie d’être inspirée de partout. Je prévois de faire l’ADE le mois prochain, idéalement un petit séjour en Novembre. Sinon un projet bien cool verra le jour l’été prochain a priori, mais c’est trop tôt pour en parler.

Léa : De mon côté je continue les activités avec NEUF, où je suis résidente. Aussi tout le long de la saison retrouvez moi dans le Club du Generator et aux Ecuries. Sinon je continue à papillonner à droite à gauche, on verra bien où le vent m’emmène. Je continue à apprendre chaque jour, si j’ai l’occasion de partir un peu l’été prochain j’aimerai bien retourner à Amsterdam pour réellement expérimenter le clubbing là bas !


Un dernier message pour conclure cette entrevue…


Arabella : J’ai envie de dire que notre porte sera toujours ouverte pour conseiller des filles qui veulent se lancer dans le mix, ou rencontrer des artistes féminines. Si vous avez des idées de collaborations n’hésitez pas. See you on the dancefloor !