Malgré le confinement, le Printemps pointe le bout de son nez. Pour continuer de surfer sur ces douceurs printanières, nous avons posé quelques questions au duo Groove Boys Project (Boyzi & Projecture) qui vient de sortir « Liberty Street » sur Zoll Projekt. Une ode chaleureuse à la House de Big Apple. L’occasion de découvrir leurs influences musicales et bien d’autres surprises !
ItinéraireBis : salut Groove Boys Project ! Pouvez-vous vous présenter pour ceux ou celles qui ne vous connaissent pas encore.
Groove Boys Project : Groove Boys Project c’est notre projet de duo, qui va avec le label Groove Boys Project Records. Nous avons créé Groove Boys en 2016, nous partagions les mêmes influences, les mêmes styles de musique et les mêmes idées, ainsi avec nos deux allias Boyzi & Projecture nous avons créé Groove Boys Project !
IB : question peu ordinaire au vue des circonstances actuelles mais comment se passe votre confinement ? Des allers-retours possibles au Studio 937 ?
GBP : non, on a décidé de fermer le studio le temps du confinement, nous avons chacun essayé de récupérer du matériel au Stud ; les cartes sons : Apollo Twin MK2 & UR44, chacun une basse et une guitare électrique, on s’est partagé les Roland Boutique JU 06 pour Lucas & JP 08 pour Alex ! Maschine MK2 pour Alex et MPC 2000XL pour Lucas avec chacun un Rack JU1080 pour Alex et Korg M1 pour Lucas !
L’objectif c’était de pouvoir continuer à produire chacun de son côté pendant le confinement, d’en profiter pour être créatifs et écrire de nouvelles choses.
IB : quel rapport entretenez-vous avec la musique ? Quelles ont été vos premières inspirations et votre premier achat physique (CD, cassette ou vinyle) ?
GBP : nous avons un rapport très proche avec la musique, nous sommes dedans depuis respectivement 13 et 16 ans.
Nos premières inspirations se sont portées sur des groupes comme Masters At Work, Playin 4 The City ou bien Incognito !
Nos premiers disques :
Alex : Kerri Chandler – Atmosphere EP (1993)
Lucas : Daft Punk – Homework
IB : racontez-nous un peu votre première rencontre et vos débuts en 2016. Des petits souvenirs de votre premier passage devant un public ?
GBP : nous nous sommes rencontrée au DJ Contest Lab Festival à Paris en Quart de finale ! Nos débuts se faisait au AfterWork du Batofar et au point Éphémère lors des Apéros BPM de NewTrack, ou lors des événements House Monkey. On se souvient aussi de notre première date avant un gros guest : Demuja au Supersonic et justement c’était une des soirées de lancement de Zoll Projekt !
IB : vous avez été nourris à la House de New York, la New Jersey house et le garage house des années 90. Quelles sont les références du genre à suivre impérativement ? Quelles ont été vos influences ?
GBP : à suivre impérativement les labels Strictly Rythmes, Nervous records, King Street Records, Vibe Music, Champion & Lafayette records, Notttus Records, Intangible Records, Casual, Bottom Line etc…
En terme de House Music nos influences vont de la Garage jusqu’à la Hardcore Deep House en passant par tout ce qui est Deep et soulful.
IB : en parlant de Big Apple, la ville qui ne dort jamais, vous y êtes allés il y a peu. Qu’avez-vous ressenti en arrivant là-bas ? Des petites anecdotes sur votre voyage ?
GBP : quel rêve c’était pour nous de partir aller faire une mini tournée à NY et à Montréal ! Notre 2ème EP GBP 002 dans les shops a Brooklyn ! On a joué dans un petit club atypique de Brooklyn qui s’appelle TBA Brooklyn et à Montréal on a joué dans un gros club, le Newspeak en plein cœur de Sainte-Catherine ! On a passé nos journées entières dans les disquaires à New York pour essayer de trouver les pépites. On a visité au moins une dizaine de disquaires ! Mais les deux meilleurs qui restent en tête était A1 Records & Halcyon Records avec un deuxième lieux caché pour la vente privé.
On a de nombreuses anecdotes en tête pour le voyage, le meilleur souvenir c’était de retrouver là-bas nos grands frères respectifs qui ont fait le voyage avec nous, et Noé notre ancien bookeur. C’était super d’être entourés pour une aventure pareille, et puis c’était un rêve de gosse d’aller jouer à NY. Sinon on s’est pris une amende pour avoir fumé un tarpé dans Central Park, voilà vous savez tout!
IB : justement, vous allez sortir un nouvel EP “Liberty Street” en hommage à New York sur le label et collectif Zoll Projekt. Quels rapports entretenez-vous avec l’équipe de Zoll Projekt ? Qui a fait le premier pas vers l’autre ?
Alex : Tout d’abord le lien s’est créé en 2014 quand j’ai intégré l’ISEG, la rencontre avec Thomas Fakko ! Mémorable ! Le papa pour nous pour organiser les soirées ! Très vite on a voulu faire des choses ensemble et rejoindre son collectif Quality Beat qui réunissait beaucoup de gens très inspirés dans la culture House française ! Les premières dates étaient dans un bar after Le Mokka Metro Goncourt pour des événements appelés la Matinale de 6h à midi tout les samedis et dimanche matin !
Le projet s’est fait naturellement on devait tôt ou tard, un jour faire un vinyle sur le label des meilleurs potes !
IB : l’idée de ce nouvel EP était-elle déjà antérieure ou postérieure à votre voyage à Big Apple ?
Lucas : L’idée de faire un disque sur New York et le son New-Yorkais était une idée qui a toujours été dans un coin de notre tête. Même avant ce voyage, nous étions inspirés par les artistes et les labels 90’s New Yorkais. Mais c’est en rentrant à Paris, après le voyage qu’on a mis en forme le disque au studio et qu’on a lancé véritablement la machine.
IB : le Studio 937 est votre antre (incroyable) pour produire. Quelles sont vos habitudes de production pour la création d’une nouvelle sortie ? Comment s’est passée le processus de création de “Liberty Street” ?
GBP : cette question mérite une longue réponse, on pourrait parler des heures de ce qu’il se passe au studio, comment on produit, quelles sont nos manières de faire… C’est difficile de proposer une réponse concise et rapide…
Pour la création d’un disque, le processus n’est pas réellement direct ; jamais on nous a proposé une sortie sur un label et on s’est mis au boulot pour pondre 4 ou 5 morceaux. C’est plutôt l’inverse. On travaille nos morceaux, chaque jour au studio et on se prend pas trop la tête. On se laisse écrire la musique qu’on aime, on se fait plaisir. Ensuite les gens qui sont proches de nous comme les copains de chez Zoll sont invités au studio et peuvent entendre ce sur quoi on bosse. Pour cet EP on leur a proposé de nombreuses demos et ils ont voté pour leur morceaux préférés pour qu’ensemble on détermine la tracklist idéale, quelque chose qui plait à tout le monde. C’est une très bonne chose que chez Zoll ils soient très nombreux car on a pu entendre les avis de chacun et faire des réunions de temps en temps.
Sinon pour résumer nos manières de produire, au studio on travaille de manière assez old school. On produit pas avec les instruments logiciels mais 100% hardware avec nos instruments, nos synthé et nos machines. Le tout est séquencé par les 3 MPC et est envoyé dans une grosse console des années 80. On a un set up assez vintage mais ça nous plaît vraiment de bosser sur des vrais instruments et de faire ça de manière un peu artisanale.
IB : vous avez invité Robby & Stupid Flash sur le track groovy “Porte Purple” et Rawaï sur le track jungle “George de la Jungle”. Quel rapports entretenez-vous avec eux ? Etait-ce une évidence ?
GBP : c’est la famille ! C’était une évidence de mettre sur le disque le fruit de collaborations car on fait beaucoup de collab depuis un an, le studio a vraiment favorisé ça. Rawaï c’est Bruce, la troisième personne avec qui on a monté le studio donc c’est un camarade de tous les jours. On produit beaucoup avec lui et on partage beaucoup de nos curiosités musicales et artistiques avec lui.
Robby et Stupid Flash sont de super amis également avec qui on a eu l’occasion de faire quelques concerts et beaucoup de sessions de studio aussi. Flash connaît le code de la porte par cœur et vient souvent jammer avec nous au studio. Le nom de notre morceau avec eux « Porte Purple » est un hommage à la porte violette de son ancien appart’ ou on faisait les répétitions de nos lives à quatre.
IB : votre nouvel EP sera orienté club. En parlant de club, quels ont été vos meilleures souvenirs de soirées ? Plutôt live ou dj set ?
Lucas : Nos meilleurs souvenirs sur scène… Pour moi c’était probablement nos live à la Cheers. On a eu la chance d’être invités deux fois par Greg Gauthier et Sven Love à jouer sur scène pour la mythique soirée Cheers, le club était blindé et l’ambiance était super… Je pense aussi que ce sont les seules fois où nous avons joué devant un public qui aimait vraiment le Garage et qui était venu pour ça.
Sinon notre live a Montréal pour l’ambiance du NewSpeak ou nos release party au Djoon bien sûr. Le Djoon c’est spécial pour nous, c’est le seul club où on se sent à la maison. C’est la qu’on s’est fait notre propre public, les danseurs qui sont revenus aux soirées ensuite et qui nous ont suivi. Et puis il y a une atmosphère au Djoon qu’on ne trouve qu’au Djoon !
On peut pas choisir entre live et dj set… C’est deux choses tellement différentes… Le live pour jouer nos propres morceaux, jouer de la musique avec nos mains sur scène. Le djset pour la collection de disque et la sélection…
IB : que pensez-vous de la scène électronique française actuelle ? Quels sont vos artistes/labels coups de coeur du moment ?
GBP : la scène actuelle en France se porte super bien de manière générale (en tout cas avant tout ce bordel). Même si certains pointent des aspects négatifs sans arrêt, je trouve qu’il y a une énergie en France autour des musiques électroniques, de nombreux collectifs, labels et artistes qui se bougent et qui sont créatifs… Les disquaires sont remplis de nouveautés qui sont plus ou moins à notre goût mais la scène se porte bien, et ça aide vraiment. On se sent aussi portés par tous ces collectifs amis et proches de nous qui entreprennent des choses, qui sortent des disques… C’est pas une aventure solitaire au final car tout cet écosystème se développe avec les relations entre les gens.
Nos artistes coups de cœur en ce moment en France c’est Volte, Secret Value Orchestra, Ishkero, Jakku, bien sûr notre camarade Rawaï qui est bourré de talent et qu’il faut suivre de près ! Pour les DJ set on aime beaucoup ce que font Brawther, Inner Sense, Jeremy, Greg Gauthier… Ces DJ français qui sont avant tout collectionneurs de disques et passionnés de House Music. Les suivre nous a beaucoup appris et on leur doit une partie de notre culture musicale.
Côté label français on adore My Love Is Underground, Kool Vibe, Mona Musique, Chuwanaga, Favorite Recordings, Discomatin… les amis de chez Virage Records, La Menace Records…
IB : quels sont vos projets à venir ? Des petites surprises ?
GBP : nos projets à venir c’est l’EP d’Alex sur lequel il bosse, et la sortie d’un nouvel EP sur AMSEM Records. Sinon la création d’un nouveau label avec Bruce, Planète Keraw, avec une première sortie très bientôt : 937 Vibz Volume 1. Le disque sera branché House New Jersey, on a hâte de partager ça avec vous !
Se procurer l’EP « Liberty Street » (Zoll Projekt) sur Bandcamp
Photo à la Une : leviet.org