À la rencontre de DJ Chic et de son projet How deep is it ? qui nous fait découvrir quelle musique joue les DJs en dehors du dancefloor

Souvenez-vous, nous vous avions présenté le projet musical de DJ Chic (Crème de Coco) How deep is it ? (par ici). Curieux d’en savoir plus sur ce nouveau projet, nous lui avons posé quelques questions.

ItinéraireBis : Salut Ghis ! Merci de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore.

DJ Chic : Ghis, 43 ans, je partage mon temps entre Paris et la Normandie. Dernier alias connu DJ Chic. 33% de Crème de Coco, et fondateur du projet musical How deep is it ?.


ItinéraireBis : Quelles ont été tes premières influences musicales ? Quel rapport entretiens-tu avec la musique ?

DJ Chic : Aussi loin que je me souvienne, les voix et les lignes de basse m’ont toujours attiré. Pour autant, je me suis vraiment passionné pour la musique avec la techno, principalement celle des artistes US, au grand dam de mes parents (😅) !. A partir de là, j’ai remonté le temps : disco, funk, puis soul et enfin jazz. Les musiques noires en général, principalement les artistes américains me fascinent, autant pour leur sens inné du groove que pour la dimension sociale qu’elles représentent. J’ai toujours voulu comprendre comment et pourquoi. Au final, la musique fait plus que partie de mon quotidien, même si je n’en vis pas, à raison de 2-3h d’écoute par jour.


ItinéraireBis : Remontons un peu le temps. Ça fait maintenant plus de vingt ans que tu es DJs. Quel a été le déclic pour passer derrière les platines ? Où trainais-tu pour aller taper du pied ?

DJ Chic : Après avoir démarré en clubs généralistes à l’adolescence, j’ai pris très fort la vague des musiques électroniques à la fin des 90’s, et en particulier la techno de Detroit et la house de Chicago. C’est donc naturellement que je me suis tourné vers des soirées plus underground, et que j’ai fait mes premières armes en public en rave party. Je suis originaire de Saint Etienne, où j’avais déjà monté un premier collectif de DJs, In Order to Dance (I.O.D.) en 1997, devenu 42 Hertz, à une époque où les DJs n’étaient pas à la mode. Mes premiers souvenirs de soirée : le Space à Lyon, et les festivals Boréalis et Printemps de Bourges. Puis Paris, principalement le Rex et le Djoon.


ItinéraireBis : Raconte-nous un peu l’histoire du trio parisien Crème de Coco. Comment cette bande s’est-elle formée ?

DJ Chic : C’est l’histoire de trois amoureux du disco qui s’associent pour créer un format scénique original, un DJ set à 6 mains, et qui deviennent amis. 

Depuis 5 ans, avec Camille (Ecran Total) et Nico (Sokrates) on a joué dans presque tous les clubs parisiens, quelques festivals, et des trips sympa à l’international (Berlin, Ibiza). On a eu la chance d’avoir deux lieux qui nous ont fait confiance depuis le début et ont lancé le projet : la terrasse éphémère Palazzo, et le groupe Experimental qui nous a confié les clés de son mini-club Le Ballroom pendant 2 ans.

Résultat : on a très vite investi nos cachets dans l’invitation d’artistes dont on était d’abord fan, mais pas dans l’idée de booker un nom. C’est comme ça qu’on se retrouve à vider un stock de Chablis avec la légende Rainer Trueby, à parler gastronomie avec les brésiliens Rafael Cancian et Philippi (Fatnotronic), à comparer la qualité des huîtres françaises vs les huîtres du Maine avec l’américain Bosq, ou à faire des battles de jokes avec Art of Tones. On a toujours été guidé par une certaine idée de la dance music, accessible mais exigeante, toujours au service du dancefloor et toujours chaleureuse. Beaucoup de nos guests sont devenus des potes, et ça c’est notre fierté.



ItinéraireBis : Justement, tu as décidé depuis quelques mois d’aller au-delà des performances festives derrière les platines en créant le projet How deep is it ? dont le but est de connaître les influences des DJs en éliminant la pression de « faire danser le public ». Quelles ont été tes motivations pour démarrer ce projet ? 

DJ Chic : La vieillesse (😅) ! Plus sérieusement, à mon petit niveau, j’ai vécu plusieurs tendances musicales et je me suis dit que d’autres DJ avaient nécessairement des influences multiples et un rapport aussi intime que moi à la musique.
Hors, contrairement à mes débuts, les DJs sont partout et le son a tendance à devenir assez calibré parce qu’il faut faire danser, être efficace et envoyer des bangers pour faire les likes sur Insta. 

J’ai voulu développer un projet centré sur la musique, mais toujours servi par des DJs. Je les amène à s’interroger sur leur rapport à la musique, et à déconstruire d’une certaine manière leur mix.



ItinéraireBis : Au niveau des propositions, que proposes-tu de faire découvrir au public sur ton site ? Comment le projet se structure-t-il ?

DJ Chic : Le projet se décline sur deux formats : une émission régulière sur Sacré Radio (How deep is it ?) pour les talents de la scene parisienne ou les artistes internationaux de passage ; et des mixtapes qui offrent un peu plus de souplesse dans l’expression… .

La structure est toujours la même : un DJ set encadré par une interview de l’artiste qui explique comment et pourquoi il a travaillé ce mix spécial, quel est son rapport intime à la musique, et surtout essaie de répondre à la question magique : « How deep is it ? ».


Découvrir les émissions sur Sacré Radio, les mixtapes et les ITW par ici


ItinéraireBis : Quels sont tes critères de sélection pour choisir tes invité(e)s ? Cette « mise à nu » provoque-t-elle des appréhensions parfois ?

DJ Chic : Je choisis moi-même les artistes au travers de mon ressenti personnel de leur musique. Je les contacte, on discute beaucoup avant. Mais le projet est ouvert et ouvert aux candidatures. J’ai les convictions mais je n’impose rien.

Je confirme que l’exercice n’est pas si facile. Parmi la vingtaine d’artistes déjà reçus, certain(e)s ont eu quelques difficultés à ne pas livrer un set « efficace » et à répondre aux questions. Parfois, cela ne fonctionne pas.


ItinéraireBis : Tu m’as parlé d’un nouveau projet d’émission pour 2023. Peux-tu nous en dire plus.

DJ Chic : Demain, j’aimerais organiser des concerts, une sorte de Boiler Room silencieuse où le public se regrouperait autour du DJ dans un lieu intimiste, pour écouter la musique. Un peu à la manière d’une lecture, on viendrait écouter un DJ sur un format court dans un cadre cosy. Encore une fois, tout le contraire d’un dancefloor.


ItinéraireBis : Des artistes en vue que tu adorerais inviter prochainement ? Quelles sont tes pépites du moment sur la scène française ?

DJ Chic : J’aimerais recevoir des légendes comme DJ Deep, Manu Le Malin, Laurent Garnier, Greg Gauthier ou encore Olivier Portal. Le planning des émissions pour 2023 est déjà bien rempli.

Mes coups de cœur : Écran Total, parce seulement parce que c’est mon amie mais aussi parce que je l’ai vu construire une véritable dimension artistique, EG pour son énergie et sa fraîcheur, LeLeon pour sa technique et son éclectisme, MAB’ISH parce qu’elle a tous les talents, Holdtight qui est un super producteur, et Aleqs Notal parce que sa musique me parle beaucoup.


ItinéraireBis : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2023 ?

DJ Chic : Que How deep is it ? grandisse. De continuer à être touché par la musique. Et d’avoir la chance de jouer de grands disques. Merci !


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