Interview du collectif La Wild avant sa dernière danse au Cabaret Sauvage

Le temps passe et les souvenirs restent. Le collectif parisien La Wild va tirer sa révérence ce vendredi 17 janvier au Cabaret Sauvage pour une dernière teuf mémorable avec comme guest Maruwa. ItinéraireBis a posé quelques questions au collectif.

ItinéraireBis : salut La Wild ! Bon, j’ai appris la mauvaise nouvelle il y a peu et je suis triste. Quelles sont les raisons, sans indiscrétions, de la fin de cette belle aventure ?

Chic Jaraques : salut IB! Une mauvaise nouvelle ? Mais non ! Le temps passe, ça fait quand même 10 ans ! Certains ont eu des Wild-kids, des boulots plus prenants et du coup moins de temps pour pouvoir continuer de faire des évènements et continuer à fabriquer une nouvelle déco par exemple. Mais c’est aussi le temps de nouveaux projets ! C’est sûr que ça va nous manquer quand-même.

Cracken : bonsoir IB! Plein de facteurs qui font que la production d’événements n’est plus attrayante pour nos membres comme le Chic a pu mentionner au-dessus. Pour ma part, l’état de la scène parisienne aujourd’hui n’est plus propice au partage et à la découverte de musique. Ceci étant dit, beaucoup de collectifs ont stand up pour changer cela, nous y compris, ainsi que quelques endroits comme notre cher Cabaret Sauvage où nous tirerons le rideau ce vendredi.

ItinéraireBis : on a pratiquement débuté ensemble (une autre époque), et cela ne nous rajeunit pas ! Comment a commencé l’aventure pour vous ? Des souvenirs de vos premières soirées ?

Chic Jaraques : ça a commencé en cachette dans un bar dans lequel Simon Wayne et moi travaillons à l’époque… En petit comité et puis ça s’est rapidement emballé. Je me souviens notamment de notre première soirée club, où on avait été les tous premiers clients de Minuit Une, entreprise de lights Française incroyable, qui a depuis équipé Jeff Mills ! On a eu notamment de la chance en rencontrant certaines personnes rapidement comme Martin de Sacré qui nous avait donné accès à l’appart du Badaboum il y a un peu moins de 10 ans ( Merci Martin <3 )… Qui nous avaient ouvert d’autres portes ensuite !

Cracken : j’ai rejoint la Wild via un post du Chic sur la Bringue (!) et ça ça ne nous rajeunit pas non plus! Du Barapapa, Garage, Nouveau Casino au Cabaret Sauvage et au Mazette, quelle aventure on a vécu. On a bien galéré à nos débuts pour se professionnaliser avec nos activités principales et on doit beaucoup à des collectifs comme Cady Club ou Sauvage pour nous avoir également guidés et soutenus.

ItinéraireBis : j’en profite pour glisser une petite question en aparté : que pensez-vous de la scène actuelle ?

Chic Jaraques : il y a clairement un switch pour moi dans les soirées, les clubs ont changé et de nouveaux collectifs sont arrivés, cependant je continue de prendre du plaisir à aller écouter des vieux potes comme Pardonnez-nous ou encore De La Groove ! Mais des teufs free comme Otto10 ou Alter Paname me manquent terriblement…

Cracken : Comme je le mentionnais dans la première réponse, il y a beaucoup moins de place pour la découverte musicale qu’à nos débuts sur la scène à Paris. Premièrement, la musique électronique underground et l’essor qu’elle a connu depuis 2010 grâce à la team de la Concrète, du Batofar, du Djoon ou du Rex l’ont transformé en produit financier. Être DJ est devenu la reconversion pour toutes les stars ou influenceurs obscurant la beauté de cet art comme il a pu être magnifié dans les années 90/00. Ensuite, après 10 ans à écumer les différents clubs de la capitale, il est évident que le club en France est vu comme une industrie et non une sous-culture à part entière. D’une part par nos dirigeants mais également par la plupart des organisations qui préfèrent la facilité d’un line-up local sans risques mais également sans innovation musicale. Paris a beaucoup à apprendre de l’étranger, car à mon avis la responsabilité incombe au final au club de fournir une vraie décoration/ambiance, un système son bien réglé et une acoustique parfaite pour que la musique soit appréciée par tout un chacun.

ItinéraireBis : la question est difficile mais si vous deviez garder un seul souvenir (allez deux ou trois maxi), quel serait-il ?

Chic Jaraques : ouai un seul c’est carrément impossible !
De mon côté je dirai en 1. la CadyWild, notre première Free, juste après le Badaboum, on avait fait une teuf de plus de 12h, on devait être 300, on était 500. Organisée avec le Cady Club et avec des amis comme Céline Technorama, Nicol ou encore Antoine Calvino et Microclimat !

En 2. nos premières fêtes au Cabaret Sauvage, l’été pour Sauvage, difficile d’en isoler une seule tellement c’était bien, on avait partagé l’affiche avec notamment Le Camion Bazar, S3A, Voilaaa ou encore plein d’autres copains : Romain Dafalgang, Mus’Art, Le bercail ou encore Pardonnez-nous, La Meute, Quartier Libre… la liste est longue !

En 3. La dernière GrooveAcid Park, toujours au Cab (<3 <3 Steven) où on avait joué avec David Vunk dont je suis fan absolu… Souvenir impérissable !

Cracken : c’est super difficile! Je dirais:

  • Meilleure ambiance: Cady Wild
  • Meilleur guest DJ set: Jamie Tiller à Amour sur Seine
  • Meilleur deco: GrooveAcid Park

ItinéraireBis : pour vous avoir booké quelquefois avec ItinéraireBis, votre patte était vraiment reconnaissable. Justement, quelle est la patte La Wild ? 

Chic Jaraques : merci ça fait plaisir 🙂 ! Je pense que c’est avant tout le fait de jouer en b2b à 4, de mixer notre bipolarité musicale mêlant groove, disco et gros kicks, le tout parsemé de sons plus “festifs” qui apportent le sourire aux lèvres et vide les gambettes !

Cracken : ce que le Chic a dit! Au début notre motto était “from disco to techno”, les genres se sont bien multipliés depuis. Je dirais que ce qui nous caractérise lors de ces b2b2b2b c’est une énergie débordante et un groove qu’on retrouve dans tous les styles joués.

ItinéraireBis : quelle a été votre vision de la fête durant toutes ces années ? Votre secret pour durer une décennie tout de même.

Chic Jaraques : je crois que c’est pas mal de choses, peut être que le fait d’amener à chaque fois un nouveau thème, une nouvelle déco, mettait un peu de sang neuf dans chaque teuf, tout en fatiguant pas mal aussi ! On a eu la chance de pouvoir évoluer dans des salles qui nous ont fait confiance vis-à-vis de notre idée farfelue de foutre de la déco pendant des heures, avec des D.A. et des régisseurs en Or ! On pense notamment à Loane et l’équipe de l’époque du Nouveau Casino, Olivia et Karen et leur équipe de Mazette, Ian et sa team du Barboteur et enfin Steven et sa team du Cabaret Sauvage qui nous ont offert des teufs incroyables !

Cracken : quand j’ai rejoint la Wild, l’idée était de proposer une nouvelle forme de fête aux parisiens dans le sillon de la Ferme du bonheur, Alter Paname, Microclimat ou Otto10. On a fini principalement en club car nous avons trouvé des espaces comme le Cabaret Sauvage ou le Mazette qui permettaient une décoration immersive. J’avais l’espoir que de proposer un environnement informel apporte plus d’attention sur la musique, cependant cette offre était trop marginale sur la capitale et maintenant en déclin complet. Le secret pour avoir duré si longtemps c’est l’amour de la musique et son partage!

ItinéraireBis : rassurez-moi, La Wild c’est terminé sous ce nom, mais il y a d’autres projets en coulisses non ? Perso ou collectif.

Chic Jaraques : je pense qu’aucun d’entre nous ne compte arrêter de faire de la musique d’une manière ou d’une autre. On n’est pas tous sur le même tempo, mais on reste toujours tous dispos pour venir jouer avec les copains ! Mais oui, certains ont des choses à annoncer !

Cracken : j’évolue sur la scène à Amsterdam depuis 7 ans, je concentre plutôt mes activités de DJ sur les Pays-Bas. Concernant la production, j’ai sorti mon premier track de trance progressif l’été dernier et j’ai 2 EPs et 2 V/A qui sont prévus et devraient sortir le début de 2026! Enfin pour la Wild, il y a peut-être un espoir pour l’avenir…

ItinéraireBis : votre dernière va se dérouler au Cabaret Sauvage le 17 janvier prochain en collab avec Sauvage (prendre sa place). Quelle relation avez-vous entretenu avec le Cabaret au fil des années ?

Chic Jaraques : comme je l’ai sûrement laissé transparaître, on a passé de supers bons moments au Cab, on a tout le temps été super bien accueillis avant tout. Steven est en or et nous a permis de partager des scènes avec des artistes que nous adorons ! Rien n’aurait été la même sans le Cab ! <3

Cracken : Steven est un des premiers orgas à nous avoir fait bosser sur une scène de l’envergure du Cabaret Sauvage! One love, big up, quel honneur de clore cette décennie sur cette scène pour 4h de set avec la Wild.

ItinéraireBis : question difficile je le sais mais qu’est-ce qui va le plus vous manquer avec La Wild ?

Chic Jaraques : soit les gros cuts de Cracken, soit se prendre tous dans nos bras à la fin des teufs en se disant “c’était trop bien ce soiiir !”.

Cracken : je seconde le Chic la dessus! Perso, les sessions déco vont me manquer le plus… En vrai c’est surtout de vraies amitiés qui ne disparaîtront pas et beaucoup de bons moments, donc on finit sur une excellente note.

ItinéraireBis : qu’est-ce que vous voudriez que les gens retiennent de La Wild ?

Chic Jaraques : nos fêtes toujours plus décorées et animées, notre volonté de proposer des fêtes mêlant plusieurs styles de musique. L’amour de la Disco comme de l’Acid ! 

Cracken : si les gens se rappellent de leur soirée, j’aimerais qu’ils se rappellent un voyage dans un univers loufoque, sans prétention et full love, où il n’y a plus de différence que des corps qui bougent sur de la musique de qualité.

ItinéraireBis : le mot de la fin…

Chic Jaraques : il ne nous reste plus qu’à remercier toutes celles et ceux qui ont participé de près ou de loin à tout ça, « Mad Mat », ainsi que Romain Avak de la Droguerie Moderne !, Julie, Antho, Florence, Mélanie, Astrid, Juliette et tous les potos pour des missions voitures, des ateliers à même le sol pour construire des pattes de tigres géantes, enfiler des perles, plier, déplier, démêler des décors et tout ce que fut La Wild ! 
Aweem away Aweem away In the jungle, the mighty jungle the lion parties tonight !”
On se capte le 17 Janvier au Cab pour notre dernière teuf La Wild : GrooveAcid Park The lost Wild, on va tout envoyer ! On a dépensé sans compter !

Cracken : en effet, mille mercis à toute la team extended et tous les gens qui ont bossé avec nous, vous y compris les IB(oux) <3 on se voit sur le dancefloor!


Interview par Vincent Barrier