Fondé en 2016 par Antoine Debout et Benjamin Gallo, Binary Cells est un label de Techno implanté à Paris. À l’occasion de la sortie digitale de leur premier Various Artists en juillet dernier, nous avons souhaité aller à la rencontre de ces deux acteurs majeurs de la scène techno internationale.
ItinéraireBis : D’où part le projet Binary Cells ?
Binary Cells : C’est avant tout l’association de deux passionnés de musique électronique, venant d’horizons différents, qui ont souhaité à leur échelle œuvrer pour apporter localement une techno différente. Le champ des possibles est sans limite dans ce genre musical à qui l’on reproche injustement une certaine pauvreté artistique. C’est également la volonté de faire la promotion d’artistes talentueux trop souvent méconnus.
La ligne artistique du label relève d’une cohérence exceptionnelle. Qu’est-ce qui vous interpelle lorsque vous écoutez les productions que vous recevez ?
Binary Cells : Plusieurs critères entrent en considération au moment de la sélection, que cela soit dans le cadre d’un VA ou d’un EP. L’idée bien sûr est fondamentale mais l’écriture générale, la jouabilité du titre, la qualité de production, le mix proposé par l’artiste, son univers musical, sa disponibilité, sont également des facteurs étudiés. Il n’y a pas de sous genre discriminant, nous écoutons de tout, des sonorités ambiantes aux kicks les plus agressifs. Après c’est une question de feeling.
Plusieurs des artistes que vous représentez sont étrangers. Cela facilite-t-il l’export du label et sa reconnaissance internationale ?
Binary Cells : Ce n’est pas une stratégie, c’est statistique, on reçoit beaucoup moins de démos d’artistes français que d’artistes étrangers, d’où leur forte représentativité. Ce que l’on souhaite c’est proposer des productions de qualité, faire découvrir des talents, qu’ils viennent de France ou d’ailleurs peu importe.
Le 11 juillet dernier, vous avez sorti votre premier Various Artists. Pourquoi ce choix qui diffère de vos autres releases ? Quel a été le mot d’ordre pour la constitution de ce nouvel épisode ?
Binary Cells : Depuis la création du label on a eu la chance de recevoir énormément de démos mais parfois pas assez d’un même artiste pour pouvoir constituer un EP aux couleurs de Binary Cells. Au fil des mois se sont créés des contacts, ce Selected Cells en est le fruit.
Avez-vous d’autres releases prévues ?
Binary Cells : On essaye d’avoir un peu de visibilité sur les prochaines releases afin de prospecter sans pression. Le prochain 12’ est prêt (petit indice : il s’agira d’un artiste français). Le suivant en cours de préparation tout comme la prochaine release digitale. Nous finirons très bien 2018 avec des beaux projets pour 2019, le reste est à définir.
Pensez-vous à organiser des label nights ? Quel serait le club idéal pour un tel événement ?
Antoine Debout : Plusieurs label nights ont déjà vu le jour à la Machine du Moulin Rouge, la première en partenariat avec Fée Croquer, la seconde avec Regal Sound. Ce lieu est à mes yeux idéal pour ce genre d’événement mais le pari est toujours risqué, à Paris qui plus est. La concurrence est rude, les possibilités de rentabiliser faibles.
Nous avons également eu le plaisir d’être invités en janvier dernier au légendaire Suicide Circus à Berlin pour représenter les couleurs de Binary Cells aux côtés de nos amis lyonnais de chez Onyx Agency.
Nous réservons quand même quelques surprises en 2018 et pas forcément dans la capitale.
L’événement qui constitue votre meilleur souvenir musical ?
Antoine Debout : Si je ne devais en garder qu’un je dirais un set de Jeff Mills à une soirée « Respect » au Concorde Atlantique en 2000. Un set simple à deux decks mais une sélection fracassante.
Benjamin Gallo : Tant de bons souvenirs qu’il est difficile de n’en citer qu’un seul, pour ma part il s’agit d’une soirée « Geisha » au Bar Live (feu le meilleur after de France) en 2007.
Un artiste qui vous a marqués récemment, en termes de live et/ou de productions ?
Binary Cells : Les productions d’Eric Fetcher sont inspirantes, dans le respect des fondamentaux du genre techno, dans son mix mais aussi dans son originalité d’écriture. Ses prestations live sont de ce fait particulièrement tranchantes. Nous espérons collaborer avec lui prochainement.
Un artiste que vous aimeriez signer sur le label ?
Binary Cells : Voir question 8 😉
Votre morceau techno de référence ?
Antoine Debout : Question difficile mais impossible de me lasser de Gamma Player de Jeff Mills. Intemporel.
Benjamin Gallo : Christ Figures de Sigha, quand intensité et émotion ne font qu’un.
Quelles sont vos autres influences musicales ?
Antoine Debout : Il y a du bon dans tous les styles musicaux, on en revient toujours aux racines quoi qu’il arrive. Que cela soit Funk, Jazz, Classique il faut se faire l’oreille dans tous les styles (Country exceptée).
Benjamin Gallo : Mes influences musicales sont assez variées, en dehors de la Techno j’écoute principalement du Hip Hop et du Funk.
Vous développez également la ligne graphique de Binary Cells. Quel est votre rapport à l’image et aux autres arts en général ?
Binary Cells : L’univers graphique associé à la Techno est souvent sombre, avec un concept parfois peu évident. Nous avons souhaité nous démarquer en proposant pour chaque projet un artwork simple dans la continuité des productions musicales proposées. Un clip a été réalisé par Enzo Mosconi pour accompagner Message From Mars de Remco Beekwilder, on s’essaye à d’autres choses mais cela ne doit pas avoir d’impact sur notre calendrier.
Vous fêterez en septembre prochain les deux ans du label. Si vous deviez établir un bilan, quelles conclusions en tireriez-vous ? Quelles ont été les principales difficultés rencontrées et quels sont les points que vous souhaiteriez développer ?
Binary Cells : No pain no gain, comme dans tout projet. Les choses ne se font pas d’elles-mêmes et lorsque le budget est limité on doit faire beaucoup par soi-même notamment la partie graphique et commerciale. Nous avons eu la chance d’avoir eu dès le départ des contacts de qualité, du distributeur aux artistes en passant par les photographes, ça aide à atteindre ses objectifs. Il nous faudra à l’avenir creuser davantage du côté de l’événementiel pour nous aider à financer les prochaines sorties.
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