Le marché du vinyle est en hausse depuis plusieurs années, cependant une étude de la BBC portant sur le marché anglais montre que seulement la moitié des disques achetés sont écoutés. Alors pourquoi en achetons-nous ?
Les vinyles, pourquoi on aime ça ?
Le vinyle a une place de cœur dans la culture électronique. C’est aujourd’hui un canal de diffusion pour beaucoup de labels. En effet, il permet de garder une trace physique d’une musique composée par des machines et ordinateurs. Le marché du vinyle peut sembler à l’opposé de l’industrie du stream, dans le sens où on ne le consomme pas, on l’écoute, on l’apprécie.
Mais est-ce vraiment le cas ?
Une sondage mené par la BBC en 2016 montre que seulement la moitié des vinyles achetés sur le marché anglais sont réellement écoutés par la suite. 7% des acheteurs de disques ne possèdent pas de platine.
Pourquoi acheter un disque de musique si ce n’est pas vraiment pour l’écouter ?
L’aspect visuel
C’est avant tout pour l’objet, l’esprit old school et la déco, répondent les sondés. Force est de constater que beaucoup d’artwork de disques sont de véritables œuvres que l’on a envie d’exposer. En voici quelques-unes :
L’exclusivité
Par ailleurs, le vinyle est un objet qui permet à certains de se sentir comme des « puristes » de la musique. Un vinyle ne se joue pas comme un stream Spotify : il faut investir dans une platine acheter le disque (entre 10 et 20 euros neuf) et y dédier un espace de rangement. C’est ensuite un cérémonial de choisir parmi ses disques celui que l’on veut écouter, le sortir de sa pochette, le placer sur la platine et délicatement poser le diamant sur le premier sillon du disque.
Sur la scène underground il existe de nombreux morceaux sortis sur vinyle qu’il est impossible de trouver en streaming. Comme le dit le DJ Ten Fingers: « Fouiller dans les bacs de vinyles pourrait s’apparenter à de l’archéologie musicale.” Il n’est pas rare de tomber sur des disques incroyables qui ont été édités à 500 exemplaires et c’est tout; la seule existence de cette musique se résume à ces quelques vinyles qui se baladent aux quatre coins du globe.«
Si les Djs (espérons-le) écoutent leurs disques, il est vrai que l’objet permet outre le son de se différencier des artistes qui se produisent sur des logiciels de mix capable de faire automatiquement une transition en rythme. Le mix sur vinyle est aussi un atout que certains n’hésitent pas à mettre en avant.
Le risque c’est de développer un élitisme qui se déconnecte de la réalité du métier aujourd’hui. Il existe tout un panel d’options pour mixer qui comportent chacune son avantage et son inconvénient. Et mixer sur vinyle ne fait pas de vous un meilleur DJ que celui qui plante sa clé USB dans une platine digitale.
La communauté n’hésite d’ailleurs pas à dénoncer cet élitisme à travers des memes en tout genre :
La musique
Bien que cet aspect du vinyle ne soit évoqué que maintenant, c’est évidemment le plus important. La musique est présente dans toutes les cultures; elle est un moyen d’expression personnel mais aussi, elle rassemble. Les vinyles sont un support qui permet la diffusion de cette dernière et de perdurer dans le temps. Les disques sont à la musique ce que les livres sont à la littérature: Une source infinie de savoir, d’histoires racontées pour provoquer des émotions. Que l’on possède 10 ou 10 000 vinyles, notre discothèque reflète nos goûts, notre culture et parfois même nos valeurs.
Toutefois, on n’achète pas un vinyle en pensant à tout cela, tout se fait plus simplement, “j’aime ce son, j’ai les moyens de me l’offrir, je décide de le prendre et je suis heureux.” En fait, chacun fait comme bon lui semble.
Comment se procurer des vinyles aujourd’hui ?
Il existe des dizaines de disquaires en France qui sauront vous proposer le son qu’ils vous faut. L’algorithme de recommandation Spotify serait d’après nos sources jaloux des compétences de certains disquaires.
Pour connaître tous les disquaires près de chez vous, on vous recommande l’outil https://recordstores.love/
Sinon il reste toujours la possibilité de commander via Internet, avec discogs et autres sites de référence.
D’après l’étude de la BBC, les shops sont en majorité fréquentés par des hommes, entre 25 et 35 ans. Pourtant, tout le monde écoute de la musique, alors déconstruisons cette idée, allons chez nos disquaires locaux quels que soient notre âge et notre genre pour soutenir nos artistes et labels préférés !
Article par Victor Legrand