Rencontre avec Enflure après la sortie de son nouvel EP ‘Burning Out’ sur AMSEM

Le DJ et producteur Enflure vient de sortir son nouvel EP ‘Burning Out’ sur AMSEM Records. Nous en avons profité pour en savoir un peu plus sur ce talent émergent de la scène électronique en lui posant quelques questions.

ItinéraireBis : salut Enflure ! Peux-tu te présenter pour celles ou ceux qui ne te connaissent pas encore.

Enflure : salut vous ! Je suis Enflure, producteur et DJ depuis maintenant quelques années, comme à peu près la moitié des hommes âgés de 25 à 35 ans en Ile de France. Ne soyez pas refroidis trop vite par mon pseudonyme qui peut paraître antipathique : je l’ai choisi il y a fort fort longtemps, et ironie du sort, ceux qui me connaissent le savent, je suis en réalité incapable de doubler qui que ce soit dans une file d’attente, de rouspéter contre un serveur (même s’il oublie trois fois ma commande), et je pourrais passer mes journées à tenir la porte du métro si des gens continuaient d’arriver… « Bébé cadum » aurait sûrement été un choix plus judicieux, mais ça aurait été compliqué pour le référencement.

À côté, dans la vie, je m’appelle Luca Thiebault et je travaille pour Trax Magazine où je m’occupe de la vidéo. En gros, quand je ne joue pas de morceaux en soirée, je filme des gens dont c’est le métier. Et ça va, j’aime plutôt bien. Sinon, j’habite à Romainville dans le 93, et soyons honnêtes, ma copine a écrit cette présentation à ma place parce que je ne savais pas vraiment quoi raconter.


ItinéraireBis : tu as rejoint l’écurie AMSEM avec la sortie de ton EP ‘Music For Everybody”. Raconte-nous un peu cette rencontre avec l’équipe AMSEM. Comment s’est-elle passée ?

Enflure : à l’origine, je suis tombé un peu par hasard sur la musique de Joe Lewandovski sur Soundcloud et je me suis pas mal reconnu dans ce qu’il faisait, une house chaleureuse, avec le genre de samples et de percus qui me plaisent. Alors je me suis intéressé à son label. J’ai contacté Amsem en envoyant quelques démos, et on s’est retrouvés devant une pinte avec Marco, l’un des deux frères qui gèrent ce label avec un enthousiasme inépuisable.

Ce qui s’est passé, c’est surtout qu’on s’est très bien entendus : au départ, on a principalement bu des coups, avant même de parler de sortir quoi que ce soit. Et puis de fil en aiguille, à force de lui faire écouter de nouveaux morceaux, on a vu apparaître le début d’un EP, construit autour du morceau éponyme, « Music for everybody », celui qui avait attiré l’attention d’Amsem depuis le départ. Deux ans, deux clips et deux EP plus tard, mais aussi après un paquet de très bonnes soirées avec les autres artistes du label, je crois que je peux dire que j’ai toqué à la bonne porte.


ItinéraireBis : quel a été ton parcours dans la musique électronique. Quelles ont été tes premières influences ?

Enflure : au moment où j’ai commencé à m’intéresser à la musique électronique, j’étais tout juste majeur : mes références, c’était surtout des artistes avec une vibe hip-hop très rattachée aux samples, comme 20syl, Gramatik ou Guts. Assez naturellement, j’ai essayé de faire la même chose et j’ai commencé à découper des samples de mon côté. Puis à un moment j’ai découvert cet artiste qui s’appelle Romare, qui était la transition parfaite vers une musique un peu plus club, plus house.

C’était pile-poil à l’époque où j’ai justement commencé à sortir plus que de raison, et surtout à découvrir les pointures du genre : Laurent Garnier, MCDE, The Black Madonna… C’est ce genre d’artistes qui m’ont donné envie de me frotter à la house à mon tour.



ItinéraireBis : tu viens de sortir ton nouvel EP “Burning Out” sur AMSEM. Comment s’est passé le processus créatif de l’EP. Par quoi es-tu influencé lorsque tu produis ?

Enflure : j’ai commencé à travailler sur cet EP à un moment difficile pour ma santé mentale : je me posais pas mal de questions sur la place que la musique devait prendre dans ma vie et j’avais le sentiment de ne pas arriver à jongler entre mon projet artistique, mon travail au quotidien et ma vie privée. C’est pour ça que l’EP s’appelle « Burning out ». En trouvant le sample du morceau éponyme, où une voix disait « chill me out ‘cause I’m burning out », je me suis dit que ça reflétait assez mon état d’esprit du moment et que ça serait intéressant d’ouvrir l’EP avec ça. Les autres morceaux sont en quelque sorte des étapes pour aller mieux. L’été est passé par là, et avec lui, la décompression.

Le morceau Ferragosto, par exemple, s’appelle comme ça en lien avec une fête religieuse italienne que j’ai pu observer en Sicile en août dernier : c’est le 15 août, le jour de l’Ascension, et on célèbre à ce moment-là le repos après un dur labeur.


ItinéraireBis : en guise de “teaser” de ton EP, tu as sorti le 18 mars dernier le clip engagé du titre “Burning Out”. Que penses-tu de l’engagement des artistes dans la musique électronique ? La musique est-elle par essence politique selon toi ?

Enflure : le point de départ du clip, c’est une image qui m’a marqué : la photo postée par le ministère de l’Intérieur sur laquelle on voit un CRS tenir, tout sourire, des platines que ses collègues et lui venaient de détruire à la rave de Redon, en Bretagne. L’idée n’était pas nécessairement de faire un clip « politique », mais juste de montrer l’absurdité de la démarche : on ne détruit pas d’instruments de musique, et c’est encore plus flagrant peut-être quand on remplace les platines par un piano, par exemple. Ce qui m’a frappé, c’est que certains genres musicaux sont presque plus considérés comme des troubles à l’ordre public que comme des arts.

Quelques mois plus tôt, mon premier clip (pour « Music for everybody ») montrait les clubs vides, un an après le début de leur fermeture pour raisons sanitaires. Ce n’était pas pour dénoncer les mesures adoptées pour freiner le Covid-19, mais plutôt pour constater la tristesse de ces lieux de fête – et de culture – vides pendant douze mois. Ça a été une période difficile pour la culture, pas seulement pour les clubs d’ailleurs !


Je trouve que c’est absurde de penser que la musique n’est pas politique. La musique électronique, il ne faut pas l’oublier, s’est construite comme une forme de contre-culture et a dû se battre pour avoir le droit d’exister au même titre que les autres. Laurent Garnier en parle très bien dans son documentaire « Off the record ». À mon échelle, ça me plaît de me dire que je m’engage pour défendre la musique que j’aime.


ItinéraireBis : quels sont les artistes qui t’inspirent actuellement et avec qui tu voudrais collaborer ?

Enflure : ces temps-ci j’écoute pas mal de morceaux plus « trance », un genre qui revient vraiment sur le devant de la scène en ce moment, grâce à des artistes comme Marlon Hoffstadt, Courtesy, Kasper Marott. À force de les écouter, leur influence se ressent de plus en plus dans les morceaux sur lesquels je travaille.

Sinon, en termes de collaboration, je pense que j’aimerais bien essayer de produire pour des artistes plus pop, et plus éloignés de ce que je fais dans mes propres morceaux. C’est quelque chose que je n’ai jamais fait et qui m’attire depuis longtemps ! Après pour tout avouer, le rêve ultime de ma vie serait de me retrouver un jour, sur un malentendu, en session studio avec Kanye West. (Ye, si tu m’entends, viens en dm !)


ItinéraireBis : quelles sont tes prochaines actualités ? Des petites infos croustillantes à nous dévoiler ?

Enflure : la prochaine étape, et je l’attends avec impatience, c’est 1e retour des beaux jours et des événements en plein air : j’ai assez hâte de faire danser des gens avec la famille Amsem. Sinon, dans les tuyaux, il y a aussi un remix de « Burning out » qui arrive très bientôt, et c’est un artiste sud-africain très renommé qui nous a fait cet honneur. Je suis vraiment impatient que ça sorte, d’autant que je voue un quasi-culte à la musique sud-africaine en général.

Et puis voilà quoi ! Pas la peine de faire trop de plans sur la comète pour éviter de revenir à la case « burn out ». On prend les matchs les uns après les autres ! Take care. <3


Liens utiles

Suivre Enflure sur FacebookInstagramSpotifySoundcloud

Suivre AMSEM sur FacebookSite webInstagramSoundcloudBandcampYouTube

Se procurer l’EP Burning Out de Enflure par ici