Soirée spéciale 50 ans de Valery B. à Concrete : retour sur une carrière unique !

ItinéraireBis a posé quelques questions à Valeryb, le physio le plus connu de France, opérant depuis un an à la porte de Concrete. L’occasion d’en savoir plus sur ce personnage incontournable de la nuit parisienne et de retracer son parcours riche en rencontres et expériences avant la grande fête d’anniversaire ce dimanche 2 septembre de 16h à 4h en compagnie de 50 -amis- artistes.
Ce que l’on ressent surtout chez Valery, après des années à rencontrer les principaux acteurs du monde de la nuit, est ce besoin de remercier les personnes qui lui ont fait confiance et celles qui lui ont permis d’être ce qui l’est aujourd’hui : une personne respectée et respectable. En deux mots : joyeux anniversaire !

Commençons par parler de toi…




Que de l’amour entre Valeryb et Chloé

Comment es-tu venu à exercer ce métier de physionomiste ? 



Je suis physionomiste et j’accueille les personne aux entrées d’établissements. 
J’ai commencé à faire la porte il y a 25 ans, cela faisait déjà 10 ans que je travaillais dans le milieu de la nuit. Avant cela, j’avais un peu exercé à tous les postes : j’étais parfois au bar, au vestiaire, je passais des disques, les toilettes…
 je travaillais avec Axel, des soirées Crazy Baby, et Kien au Folie’s Pigalle. 
Il y avait un physio, qui s’appelle Jacques, Jacques n’était pas là ce soir là, et je me suis retrouvé à faire la porte au Folie’s Pigalle. Je sortais beaucoup à l’époque, donc dans le public, la clientèle. Les clients, il y en avait déjà beaucoup que je connaissais !


« J’espère que malgré tout ce métier – de physio- continuera car c’est un métier très français, à l’étranger il n’y a pas ou peu de physionomistes, c’est un métier qui a été crée en France. »




Quelles dimensions de celui-ci préfères-tu ?

J’adore le contact, le premier contact. J’adore voir une file d’attente se faire et de voir trépigner un tout petit peu les gens, bien sûr sans aucune arrière et mauvaise pensée. J’adore l’adrénaline des gens quand ils arrivent à Concrete. J’adore recevoir le public.




Quelles qualités faut-il avoir pour l’exercer et comment vois-tu l’avenir de celui-ci ?



Je ne sais pas si c’est une qualité, mais il faut avoir une bonne mémoire, pour évidemment reconnaître les gens. Le nom de mon métier c’est physionomiste, donc reconnaître la physionomie. Comment je vois l’avenir de celui-ci dans l’avenir ? 
Il y a plein d’endroits malheureusement qui ont délaissé les physionomistes pour mettre des portiers, puisque ce n’est pas le même métier et que cela coûte moins cher. Il y a des endroits où cela a fonctionné, d’autres moins. J’espère que malgré tout ce métier continuera car c’est un métier très français, à l’étranger il n’y a pas ou peu de physionomistes, c’est un métier qui a été crée en France.


Quelles expériences et quels lieux t’ont le plus marqué ?



J’ai adoré travaillé à une époque dans différents endroits ! 
À un moment donné je travaillais à la Locomotive, qui est l’ancienne Machine du Moulin Rouge. J’ai aussi adoré travaillé au Gibus, au Rex, à l’Élysée Montmartre. J’ai adoré cette période là car j’ai travaillé à différents endroits, j’avais plusieurs interlocuteurs et les clubbers de l’époque sortaient et bougeaient pas mal. C’était le début des 90’s, il y avait des soirées un peu de partout et j’avais cette chance d’avoir des soirées en semaine et il y en avait une dans chaque endroit. Je travaillais pour une soirée Transe au Gibus, puis pour une soirée Fun Radio à la Locomotive, je travaillais pour une soirée gay qui s’appelait « Scream » à l’Élysée Montmartre avec David Guetta, aussi au Rex et pour des Raves dans le même temps. J’ai eu la chance de travailler dans tous ces divers endroits ce qui m’a permis de rencontrer des gens.

Impossible pour moi de ne pas mentionner ces longues années passées au Rex Club, pour lequel j’ai adoré travaillé. Il y avait une équipe exceptionnelle, soudée et gérée par celui qui est maintenant agent de Laurent Garnier, Christian Paulet. Il y avait aussi l’actuel directeur du Rex, qui est Fabrice Gadeau, qui était lui promoteur de soirées. C’était une époque exceptionnelle, j’ai gardé beaucoup d’ami.e.s, dont une très bonne qui travaille encore au Rex.


« Je suis un peu de cette école à la Fabrice Emaer qui pense que tout le monde peut se mélanger. »


As-tu vu une évolution des mentalités dans le monde de la nuit, de tes débuts à aujourd’hui ? Y’a t-il des choses qui ont changé et d’autres qui restent inévitablement ?



J’ai remarqué que les gens étaient plus impatients qu’avant, l’impatience est un peu le reflet de la société aujourd’hui. Les gens veulent tout, tout de suite. Le public était aussi parfois un peu plus poli il y a quelques années. La nouvelle génération de clubbers le sont un tout petit peu moins mais ce n’est pas une généralité non plus, attention ! C’est surtout ce côté un petit peu impatient où il faut rentrer tout de suite qui est le plus notable. Certains ont l’impression que tout leur est acquis, hors ce n’est pas le cas !


Ta carrière ne se limite pas à l’entrée des clubs. Tu as été directeur artistique, organisateur de soirée, animateur radio… cependant on a l’impression que l’appel de la porte semble toujours être le plus fort, est-ce vrai et si oui pourquoi ? 



Oui c’est vrai ! Parce que le contact direct avec le public, la clientèle j’adore ça ! 
À chaque fois je suis revenu à faire l’accueil, parce que j’aime cela vraiment. 
Rien que le fait de savoir que la mayonnaise va monter et que tout se passe bien à l’intérieur. J’ai une petite fierté de ce côté là, je peux me permettre de le dire après 25 ans de travail à des portes parisiennes ou d’ailleurs. Cela ne m’empêche pas de faire d’autres activités en parallèle, comme par exemple comme vous l’avez dit animateur radio.

Valeryb avec Clara Buot (ex-Rex Club, désormais au Wanderlust / Nuits Fauves) sur la radio Raje

Question inévitable : quels sont tes critères de sélections à l’entrée bien qu’elle soit aujourd’hui un peu moins présente qu’auparavant ?

Alors, il y a toujours une sélection à l’entrée pour ce qui me concerne, et c’est ce qui fait peut être aujourd’hui de moi le rare physio dans ce milieu. 
C’est l’attitude de la personne en face de moi, tout est inné, je ne peux pas rentrer dans le détail. 
Je parle de l’attitude de la personne quand elle se présente à une porte. Il y a encore des endroits où ils décident de la sélection. Tout le monde malheureusement ne peut pas faire la fête ensemble, même ce serait le rêve pour moi. Je suis un peu de cette école à la Fabrice Emaer qui pense que tout le monde peut se mélanger. Quand il y a tout le reflet de la société dans une soirée, cela ne peut être que bon. 
Fabrice Emaer qui était le patron, le créateur du Palace et qui nous a quitté dans les années 80.


Comptes-tu te retirer un jour du monde de la nuit ? Et si oui, quels sont tes projets ?



Alors je suis encore jeune pour me retirer du monde de la nuit. On est à la fleur de l’âge pour un homme je pense. Je travaille dans un milieu de musiques électroniques, je suis donc en contact avec la jeunesse, ce qui me permet de rester dans le coup on va dire. 
J’aime ce que je fais, ce qui ne m’empêche pas de faire d’autres choses comme de la radio. Tant que je ne serais pas lassé de ce que je fais, je resterai et tant que les propriétaires de lieux voudront de moi, je resterai à la porte des clubs, c’est sûr.


Parlons maintenant un peu de l’événement !




Concrete et toi, c’est un peu l’association évidente de celle du club et du physio le plus célèbre de France, comment cette association imparable s’est-t-elle nouée ?

Je pense que ce sont des rencontres de la nuit. Il y avait un problème il y a un peu plus d’un an au niveau de la porte et ils (les gérants du lieu) n’arrivaient pas à trouver la bonne personne et que moi à ce moment-là, j’avais décidé de mettre fin à ma collaboration avec le Rex et qu’il y avait cette envie de faire de la porte. 
Il y a eu des premiers contacts avec Aurélien Dubois (président de l’agence Surprize qui gère le projet Concrete) et puis la direction avec David Lecocq avec qui je n’avais jamais travaillé. On s’était suivi depuis quelques années; quand il est parti de l’Amnésia, c’est moi qui l’avait remplacé; quand je suis parti de Showcase, c’est lui qui m’avait remplacé (il a été physio avant de devenir directeur d’endroits).

Ca s’est fait comme ça en fait. L’envie de recevoir du public s’est fait naturellement pour moi. Ca fait 1 an aujourd’hui et j’ai l’impression que ça se passe plutôt pas mal. Il y avait une envie de la part de la direction et je pense qu’il y a encore des choses à faire mais on est sur le bon chemin.


« C’était ça le but – de la soirée-. 25 ans de carrière au niveau de la porte, 30-35 ans de nuits avec tous ces artistes qui ont jalonné ma vie. »


Peux-tu nous dire quel est ton meilleur et ton pire souvenir à Concrete ? 



Le meilleur c’est celui qui arrive demain ou après-demain car je ne regarde pas trop en arrière. Le pire a été la montée des crues en février qui a obligé le club à fermer durant 3 semaines. C’est le pire moment car on ne travaille pas, tout est triste, la barge est complètement ensevelie, pas sous l’eau car on a la chance d’être surélevé mais tous les quais sont impraticables. C’est le pire souvenir oui…


Quel effet ça fait d’avoir un si beau lineup pour son propre anniversaire ?

C’est le fruit de 25-30 ans de travail, de carrière on va dire. Ce sont les rencontres que j’ai pu faire. Des artistes que je ne continue pas forcément à voir mais qui ont répondu présents quand je les ai appelé parce qu’il s’est passé de très très bons moments avec eux. 
J’ai contacté seulement ceux qui étaient sur Paris, j’aurais pu faire un gros guest comme DJ Pierre par exemple, ou demander à des noms encore plus prestigieux à venir se présenter mais ils sont tous prestigieux à mon coeur et ils seront tous présents. Il y aura de la techno, de la house, des gens qui mettront du Hip Hop, l’idée est que le happening de cette soirée soit un grand b2b. 
Je ne sais pas si cela a déjà été fait 50 DJ’s ensemble mais l’idée est que tout le monde puisse se retrouver car il y en a beaucoup qui ne se sont pas vus depuis des années. C’était ça le but. 25 ans de carrière au niveau de la porte, 30-35 ans de nuits avec tous ces artistes qui ont jalonné ma vie.


Quelles performances de quels artistes attends-tu avec impatience ce Dimanche ? 



Pour moi, il ne faut pas se prendre la tête, vous venez avec votre clé, vos CD’s, vos disques et il n’y a pas de problème d’ego, chacun mettra des morceaux etc etc… Tous ont répondu présents, il y aura Deep (DJ Deep), D’julz aussi qui est adoré, Charles Schillings… la liste est longue ! C’était très intéressant de faire ma petite tambouille au niveau de ce line up. D’autres auraient bien voulu venir mais ils avait des engagements comme ce sont des artistes internationaux, je pense à Chloé et il y en a d’autres. Certains vivent à l’étranger aussi comme Dan Ghenacia et toute l’équipe d’Apollonia que j’ai vu naître sur le côté artistique. Il y en a plein qui ne seront pas là mais ils m’ont souhaité un bon anniversaire, en espérant qu’ils soient là pour mes 10 prochains.

Valeryb avec DJ Deep, présent pour la soirée d’anniversaire



Y’a-t-il des artistes qui joueront et que tu connais personnellement et depuis longtemps ?

Il y a Laurent Garnier qui joue le 15 septembre à Concrete que j’ai pu voir démarrer puisque j’ai travaillé aux Boy en 1988-89 (ouverture en 1988 au 6 rue Caumartin, sur les grands boulevards à deux pas de l’Olympia). Il va fêter ses 30 ans de carrière. 
Tous plus ou moins, il y a Jennifer (Cardini), Chloé que j’ai vu démarrer aussi. Je ne vais pas citer des noms pour ne pas faire de jaloux mais j’en ai vu beaucoup passer et qui ont démarré en même temps que moi. Il y en a que j’aurais bien voulu avoir, je pense à Sextoy qui n’est plus là, Didier Sinclair qui me manque énormément. Didier Sinclair était un DJ des années 90 qui nous a quitté il y a quelques années maintenant… il me manque, il était originaire du Sud de la France comme moi qui suis originaire d’Aix-en-Provence, et lui de Montpellier. 
On s’est connu dans les années 80 dans le Sud et on s’est retrouvé à Paris. Il a fait de belles choses, des titres exceptionnels.


Y’a-t-il des personnes que tu tiens à remercier ? 



J’ai un grand respect pour toutes les personnes avec qui j’ai travaillé et qui m’ont fait confiance au niveau des portes. Je pense au patron de la Locomotive (la Loco) (un livre va sortir en octobre sur cela), celui du Gibus Mr Cohen avec Ludo (Ludovic Menard) qui organisait les soirées « Scream » et qui m’a fait confiance avec David Guetta pour ces grosses soirées. 
Il y a bien évidemment Christian Paulet du Rex Club, Jean-Louis Garnier avec madame Régine au niveau du Palace. Il y a Axel (des soirées Crazy Baby) et Kien concernant les Folie’s Pigalle… J’entonne un peu les endroits pour lesquels j’ai travaillé et cela me tient à coeur de les citer car ce sont des gens à qui je pense… Il y a Fabrice Gadeau du Rex aussi. Des gens qui m’ont fait confiance concernant ma carrière à Paris. Ludo encore une fois pour le Redlight et le Mix avec Mr. Fatien, propriétaire du Boy et du Mix à Paris. 
Aurélien Dubois bien évidemment avec David Lecocq en ce qui concerne Concrete. Fabrice Lamy pour les after-Kwality au Batofar… Léon et Michel Prémont pour le Wagg, lancé par l’équipe du club londonien Fabric. 
Tous les organisateurs de rave comme Jean-Marc, Fabrice Rackam des soirées Gaia. Un mot aussi pour Luc Jouve, avec qui on organisé les belle soirées OAM dans le sud de la France !

Un grand merci à tous ces promoteurs et patron de lieux avec qui je n’aurais pas pu devenir celui que je suis aujourd’hui. Quand on donne de la confiance à quelqu’un, si cette personne sait ce que cela veut dire, elle peut devenir quelqu’un de respecté et respectable.


Quels sont tes derniers coups de coeurs musicaux en matière de house, de microhouse ou de techno ?

J’aime cette scène émergente, Dixon, Maceo Plex, Bonobo… Ohmme, qui font beaucoup de sorties et que j’aime beaucoup avec Olivier Giacomotto et David Lecocq. Tout ce qui est de la musique électronique et beaucoup d’autres choses.


Dernière petite question : qui sera à la porte le 2 septembre ?


Ce sera la grande surprise ! J’espère mon binôme Anthony avec qui je travaille depuis 1 an. Un garçon tout tatoué, un garçon du Sud que l’on m’a présenté et avec qui ça a matché. Après, ce n’est pas encore défini mais je pense que ce sera lui.”


Crédits photo : Trax Magazine / Le Parisien / Red Bull Music / page Facebook de Valeryb / Le Bonbon