Alice et Moi nous retrace l’itinéraire de son 2nd EP ‘Frénésie’

Dans un petit café du côté de Strasbourg Saint-Denis, quartier de prédilection de l’artiste, on retrouve Alice et Moi, sourire aux lèvres et casquette vissée sur la tête. Après un déca trop serré, et deux madeleines bien léchées, la chanteuse retrace pour ItinéraireBis le parcours de son 2nd EP, Frénésie, sorti le 22 février.


Alice et moi c’est quoi ?


Alice et moi c’est moi ! C’est mon nom de scène qui raconte l’histoire de qui je suis, comme quoi il y a deux Alice en moi. Il y a toujours une partie de toi qui sera plus enfant, plus sensible, plus effrayée, plus naïve mais dans le bon sens du terme, et une autre partie de moi qui sera plus fonceuse, qui se prendra un peu plus pour Beyonce, et tout ça, ça fait qui je suis.


Ces deux Alice portent à la fois la casquette et l’oeil sur la main, pourquoi ?


La casquette ça s’est fait comme ça, j’en portais quand j’étais jeune, ça me donnait un côté plus cool, nonchalant, un peu fille mais entre deux. Sur scène ça m’a donné de la force, c’est comme une couronne, une couronne de la street. Le public est étonné quand je ne la porte pas. J’ai déjà fait des concerts sans casquette, pour des soirées privées etc, et si on me pose la question, je leur dis que c’est une autre Alice !
L’oeil que je dessine sur la main, je l’ai dessiné quand j’avais 14/15 ans car je me filmais beaucoup, et je me regardais avec cet oeil et je trouvais plus de magie, plus de folie.


Comment en es-tu venue à ce second EP ? A l’écoute, il semble plus “dark”.


Le premier EP est un peu rêveur, un peu mélancolique, peut-être plus léger et plus évasif. Celui là est plus rentre-dedans, il correspond plus à mon évolution vis-à-vis de ma musique. J’ai voulu varier les styles, faire des trucs un peu plus reggae, pus electro, plus rappeur, j’ai voulu y aller encore plus.


On sait que tu autoproduit tes sons, comment as-tu enregistré cet EP ?


Pour ce qui est de la structure, dans la ligne instrumentale, je travaille avec quelqu’un qui s’appelle Ivan Sjoberg qui est à Barcelone. On s’envoyait des idées à droite à gauche puis ensuite je suis allée au studio d’Angelo Foley. Il fait les sons de Grand Corps Malade, Eddy de Pretto, Christine and the Queens… Il est hyper hyper fort. Il va rendre ce qu je fais encore plus pro. Pour le mix, je suis allée voir Perceval Carré, ensuite petit mastering et voilà c’était prêt !


Qu’est-ce que pour toi la frénésie ?


La définition de la frénésie, c’est un état d’exaltation, de force tellement intense que ça te met hors de toi. Je trouvais ça cool car j’ai toujours l’impression d’être hors de moi, de me regarder. Frénésie, c’est aussi le nom d’une des chansons de l’EP et cette chanson parle vraiment que ça parait fou de suivre quelqu’un, sachant que ça peut te briser mais tu y vas quand même. C’était vraiment pour dire que la frénésie c’est “aller on y va”, et c’était aussi une invitation aux gens à être aussi frénétique que moi, aussi exaltée,car je préfère ressentir les choses très très fort que de ne rien ressentir du tout.


Cette frénésie dans l’EP, on y ressent quelque chose de l’ordre de la douceur lancinante, quelque chose qui peut être aussi doux que violent, tu le ressens ainsi ?


J’aurais toujours une voix un peu lancinante, un peu nonchalante, et du coup je joue sur des instru un peu plus violentes derrière pour donner ce côté paradoxal.


On dit souvent de cet EP qu’il est comme un “journal intime”, es-tu ok avec ca ?

J’ai pas forcément donné ce mot là, mais il ne me déplaît pas. Tout ce que je fais toute ma vie, ça parle de moi donc toutes mes chansons seront quelque part mon journal intime. Quand j’écris c’est ce que je vis, ce que je ressens, je laisse toujours une case dans les chansons que j’écris, pour que les gens y mettent et y voient ce qu’ils veulent.
Dans le processus de création c’était très intime, comme un journal intime quand j’écris mes chansons, et maintenant que je réponds aux interviews, ce n’est plus à moi, c’est aussi aux gens, c’est dans un partage. Sur scène, les gens ont des interprétations différentes, ça y est mes chansons ne sont plus qu’à moi, et c’est cool.


La première chanson de l’EP “je veux sortir avec un rappeur”, c’est une ode à l’amour mais est-ce aussi un clin d’oeil à cette explosion du rap français ?


J’ai toujours écouté du rap, et je me suis mise à écouter de plus en plus de rap francais. Maintenant les rappeurs sont en couverture de magazine, sont sur les affiches de cinéma, et j’ai trouvé ça cool car comme avant on était fou des bébés rockeurs, aujourd’hui le fantasme ultime c’est les rappeurs. J’ai voulu m’imaginer si je sortais avec un de ces rappeurs hyper famous et qu’on aurait une vie hyper tumultueuse et je trouvais ça marrant. Ici d’ailleurs les idées de paroles sont venues avant la chanson. Il y a à la fois un côté personnel et un côté générationnel sur le fait que le rap explose.


D’ailleurs dans le clip de cette chanson tu joues beaucoup sur les codes de clip de rap.


Autant pour la production musical que pour le clip, on voulait faire plein de références au rap. Par exemple sur le titre, ça fait rappeur dans le rythme et sur le clip, on a fait plein de références. Quand je suis sur le scooter, c’est une référence à Kim Kardashian et Kanye West sur la moto. Les mecs sont tout autour de moi comme dans les films de rap, tu retrouves un mec entouré de filles. C’était un peu twister le truc, reprendre les codes pour se les réapproprier. Et les rappeurs sont toujours en train de dire qu’ils veulent serrer plein de meufs ou sortir avec une petite meuf donc je trouvais ça marrant de dire “salut, moi je veux sortir avec un rappeur”.


Sur cet album, avec qui as-tu collaboré ?


Pour cet EP, j’ai travaillé avec Angelo et Ivan mais pour la suite, j’aimerais bien travailler avec des gens différents, toujours avec les mêmes mais agrandir l’équipe pour agrandir ma vision artistique. J’’aimerais bien sur mon album inviter plus de monde, faire des featurings comme celui sorti avec Dani Terreur qui s’appelle “bébé c’est l’enfer”. On va d’ailleurs faire un clip dessus.


Découvrir l’EP


Si tu veux sortir avec un rappeur, avec qui voudrais-tu collaborer ?


Orelsan ? En vrai, je n’ai pas de noms, j’ai des idées de mecs dans la prod avec qui j’ai envie de bosser mais pour les artistes, je vais voir, ça se fait sur le moment.


Dans la chanson “J’en ai rien à faire”, qui est la dernière de l’EP, est-ce ton “fuck de fin” ?


Exactement ! C’est le fuck de fin. L’EP c’est un peu une histoire. D’abord tu fantasmes sur le rappeur ensuite “T’es fait pour me plaire”, on prend le vieux mec du coin, n’importe qui puis on souffre ensemble, et si jamais on tombe amoureux qu’est-ce qu’on fait ? Puis la chanson “All about you” vient et là, on tombe mais comme dans les films américains, et finalement, “J’en ai rien à faire”, bin tu sais quoi en fait je vais rentrer solo chez moi trop bourrée ! D’ailleurs en concert, je la fais en dernier et je dis aux gens de tout lâcher. J’attends que le public pour la Maroquinerie du 11 mars soit prêt à tout lâcher, tout défoncer, qu’ils viennent en tenue de sport ou sans rien !


Et tes prochaines dates ?


J’avais déjà joué à la Maroquinerie dans le cadre du Printemps de Bourges, et c’était un peu tôt pour moi. Je suis contente d’y retourner en tête d’affiche. Ensuite je jouerai le 15 mars au MJC de Sceaux, le 23 mars au Club Soda à Montréal devant 800 personnes – je suis trop contente -, puis à l’Aéronef à Lille et le Bruxelles Summer Festival où il y aura Booba, Jean Jass Caballero et moi !


Elle déteste le café mais adore les madeleines.


Crédits photo : Dan Pier