Pasteur Charles lance son label de dance Community Center avec Ixpé comme premier invité

Figure de la scène électronique locale parisienne, Pasteur Charles annonce aujourd’hui la sortie de son nouveau label de dance Community Center. L’occasion de lui poser quelques questions pour en savoir un peu plus sur ce nouveau projet dédié à nos petites pépites locales.


ItinéraireBis : Salut Charles ! Merci de répondre à nos questions. Présente-toi brièvement pour ceux ou celles qui ne te connaissent pas encore. Pourquoi Pasteur Charles au fait ?

Pasteur Charles : je m’appelle Charles, je suis DJ depuis plusieurs années sous le nom de Pasteur Charles et visiblement, ce que je joue plait autant aux gens qu’à moi, donc je suis clairement un garçon chanceux. Je fais un label de punk depuis la nuit des temps, qui s’appelle Le Turc Mecanique, et aujourd’hui, je monte un nouveau label, de dance cette fois : Community Center.


Après avoir fondé le label “punk” Le Turc Mécanique, tu te lances dans une nouvelle aventure avec ton nouveau label de dance “Community Center”. Quel a été le déclic pour te lancer dans ce nouveau projet ?

Pasteur Charles : en fait, je fais partie des gens qui ont besoin de s’investir dans les choses qu’ils aiment. Au début de l’année, je recevais pas mal de morceaux hyper justes et caractériels de mes ami.e.s, et des mixes aussi, que je trouvais trop cool. Ca devenait évident que j’avais envie de rassembler et mettre en avant tout ce travail. J’ai suivi mon instinct, fais quelques économies, et voilà, on en est là, à faire ce nouveau grand saut.


Que signifie la dance pour toi ? Quels sont tes classiques préférés ?

Pasteur Charles : par dance, j’entends tout un pan hyper large de la musique de club, infusée quelque part entre la house et la rave, bien nourrie d’un héritage très européen mais ouverte sur le monde. Vu qu’on est là, je peux en profiter pour te mettre quelques morceaux qui transpirent un peu d’un feeling que j’ai envie d’explorer à travers les maxis qu’on va sortir prochainement. A la volée, c’est juste des morceaux que j’ai en tête au moment de répondre à tes questions hein, mais ça aura le mérite d’expliciter un truc fondamental : on est là pour sortir des morceaux qui ont du chien, des morceaux faits pour mettre les corps en mouvement, avec des pattes qui soient reconnaissables au premier coup d’oeil.


Community Center sera axé principalement sur la scène locale florissante. Des acteurs locaux si importants pour la scène électronique. Que penses-tu de cette démocratisation de la musique électronique ? Est-ce une bonne nouvelle pour le milieu ?

Pasteur Charles : en fait, je n’ai presque d’intérêt que pour la scène locale, mon environnement direct. Je comprends pas forcément très bien les gens fascinés par les mega idoles. Avec Le Turc Mecanique, le regard a toujours été focus sur des groupes un peu outsiders qui font fourmiller les souterrains, la “scène”. Avec Community Center, l’idée générale, c’est d’être au support de tous les gens qui me font vibrer, avec la particularité de baser une solide part du catalogue sur le travail des DJs qui sont tout autour de nous : pour moi, c’est eux qui sont l’énergie première de la scène électronique, qui la font vivre, qui l’incarnent le plus. Alors il fallait que je trouve un moyen de saluer ça, de le cristalliser, et ça donne la série mensuelle des Club Identity.


Ces sorties régulières se feront chaque mois sur un CD mixé d’un ou d’une DJ de la communauté au sens large. Pourquoi revenir à ce format physique ? Etait-ce une manière de redonner une âme “visuel” pour chaque sortie ?

Pasteur Charles : en fait, tu peux aller voir un ou une DJ trois fois dans le même mois et ne rien avoir concrètement de lui ou d’elle en rentrant chez toi. Je trouve ça hyper paradoxal, hyper volatile et mega frustrant. Or, les DJs, par définition, ne sont pas là pour produire des disques, mais bien pour les jouer. Et quand je m’enthousiasme pour ce que fait quelqu’un, j’ai envie d’en garder quelque chose, d’en avoir un peu pour moi. Le CD mixé était donc le meilleur moyen de proposer ça, d’aller au delà de la traditionnelle production discographique des producteurs et de baser l’énergie de ce label sur celle de ces rouages clés de la musique électronique. Par ailleurs, je voulais vraiment en faire truc léger, commun : c’est un format qui, à l’heure actuelle, est réservé aux DJ stars, qui est très millimétré. Or, je veux en faire un truc commun, logique, simple, et c’est dans ce sens là que cette série est pensée.


En parlant de visuel, tu as fais appel à Tom Gotainer (Defected, Classic Music Company, DVINE Sounds…) pour la DA esthétique des sorties des Club Identity. Une évidence pour toi ? Comment vous-êtes vous connus ?

Pasteur Charles : pour cette série, il fallait vraiment faire l’objet le plus accessible possible : un CD, une pochette transparente, et, à la sortie, quelque chose que tu peux chopper pas cher. En bundle, avec un disque, on va essayer de les sortir pour 3 balles. Je veux pas que ce soit un format deluxe à la con, mais je veux quand même que ça ait de la gueule. Fallait donc qu’un graphiste béton passe par là et que ça ait de la gueule. Le choix s’est porté sur Tom, qui m’a été présenté par le franjot Mayflo, d’abord parce que c’est un tueur, ensuite parce que c’est logique de bosser avec quelqu’un de la communauté sur un projet comme ça. Il a fait énormément de versions de l’identité de la série pour qu’on aboutisse, finalement, à l’esthétique que tu peux voir aujourd’hui. En plus, je lui ai pas rendu la tâche facile : je voulais à tout prix qu’il y ait des photos d’identité des intervenant.e.s dessus, parce que je crois qu’un.e DJ, c’est un feeling, une énergie, un goût, mais aussi un corps, une gueule, un charisme et qu’il fallait qu’il aussi un peu de ça dans l’objet.


Les différentes sorties de CD mixés se nommeront “Club Identity”. La première va mettre à l’honneur Ixpé de Discoquette. Un petit mot sur ta relation avec Ixpé ? Si tu pouvais décrire son mix en quelques mots.

Pasteur Charles : il y autant d’excellentes raisons d’ouvrir le bal avec un set d’Ixpé qu’il y a de tracks trop cool dans son mix. C’est un vraiment un ami, ce genre de personne hyper précieuse que tu es vraiment heureux et fier d’avoir dans ton équipe. De son côté, il travaille énormément pour cette grande idée de communauté, notamment à travers Les Disques du Lobby. Et c’est surtout un DJ chanmé. Alors, fondamentalement, il fallait que ce soit lui qui passe en premier. Le mix qu’il a pondu là est d’une classe dingue, c’est vraiment lui à 1000%, j’y retrouve toute sa vibe, tout ce qu’il véhicule, toute sa chaleur. C’est ce que je veux faire transpirer dans cette collection, c’en est donc une excellente fondation. Et d’ailleurs tant que j’y pense, c’est aussi lui qui m’a soufflé le nom “Club Identity”. Définitivement, c’est le meilleur d’entre nous.

Achetez la version CD du mix sur Bandcamp : bit.ly/2Uht7l1


Quelles sont les prochaines actus du label ? Peux-tu communiquer sur les prochains invités qui vont nous faire danser ?

Pasteur Charles : après la sortie de ce premier volet de Club Identity et en parallèle de la série, il va y avoir des maxis au sens classique du terme, des bons 12’’ bien caractériels. On passe les premiers avec mon partenaire éternel DJ Tsygan pour un maxi à quatre mains, “Maximal Dance”, assez marqué par notre amour pour les morceaux accidentés et rugueux de la house européenne du début des 90’s. Il est d’ailleurs en précommande actuellement, on va commencer prochainement à en lâcher les premiers extraits, et j’ai clairement trop hâte.

L’idée de fond derrière ces disques, c’est qu’ils puissent justement alimenter le travail des DJs de la communauté, et je suis vraiment méga heureux, parce que tous les gens que j’aime fort autour de moi l’ont validé, ont déjà commencé à jouer les morceaux dans des mixes ou autres, ça me touche pas mal. J’ai hâte de vous le proposer.


Dernière question liée à l’actualité : comment se passe ton deuxième confinement. Quelles sont tes coups de coeur du moment ?

Pasteur Charles : contrairement au premier confinement, je suis hyper actif, je veux maintenir mon énergie et continuer à la transmettre par tous les moyens que ce soit. J’écoute énormément de trucs, j’enregistre des mixes, je suis assez inspiré, et j’ai pas mal de crush sur des morceaux que m’envoie mes ami.e.s. Hier encore, le bon rthr m’a envoyé une démo qui est clairement une balle de l’espace. Et je l’ai pas encore digérée tellement elle est bien. Récemment, j’ai aussi pas mal bloqué sur une délicieuse sucrerie de Jules Lachaux, “Such A Good Feeling”, que j’ai d’ailleurs placé dans un B2B avec Naagra. C’est dramatique, j’ai déjà envie de faire une compilation de bangers avec toutes ces balles dedans. Comme si y avait pas déjà assez de trucs sur le feu.


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