WE LOVE GREEN – L’estival à l’heure de l’écologisme

Cette année encore, grâce à une programmation pointue, le festival We Love Green a accueilli plus de 60 000 festivaliers venus louer Björk, débiter sur Tyler The Creator ou encore fouler le dancefloor sur Honey Dijon.

Arrivés dans l’après-midi de ce doux samedi ensoleillé, l’entrée est fluide. Loin d’être parqués comme du bétail, il n’y a ni foule ni queue. Il semblerait que les organisateurs aient trouvé la solution miracle et remédié au désastre de l’année dernière.

Premiers pas sur cet immense espace de nature, beats au cœur, l’exaltation est telle qu’il n’y ait de mot pour décrire les palpitations ressenties au seuil de ce long weekend. Sans compter le soleil au climax de ses rayons qui inondait déjà les premiers rires. Sur les lèvres le sourire, sur les visages les paillettes. Le public parisien avait revêtu ses plus beaux habits, se pavanant comme si l’espace-temps s’était interféré avec Coachella.

Le festival We Love Green prône écologisme, scénographie et bienveillance. Encore une fois, le pari fut relevé : copeaux aux toilettes, activités autour de la nature et conférences au Think Tank avec des invités de marque comme Jacques Attali. L’offre de restauration est toujours présente, avec de nombreux stands aux styles culinaires variés. Les plus gourmands ont ainsi pu faire le tour du monde à leur palais. Pour la première fois, un grand Banquet était imaginé en partenariat avec Quixotic Projects et Tabasco.

La scénographie fut décevante ; peu d’installations par rapport à l’année précédente, un appel à projet coûteux et infinitésimal.


SAMEDI


La grande scène de la Prairie a accueilli nombreux artistes, souvent connus depuis peu. C’était le cas d’Angèle, chanteuse belge et sœur de Roméo Elvis, qui effectuait son baptême de festival. Sur une scène immense, Angèle manquait de prestance, malgré l’enthousiasme du public face à des morceaux tel que « La Loi de Murphy ». Juliette Armanet était quant à elle rayonnante, costume disco et lunettes de soleil sur le nez. Famille, petits et grands ont pu entonner « L’Amour en solitaire ».

Direction Lalaland où l’ambiance oscille entre chaleur et sueur feutrée. Le b2b Funkineven & Shanti Celeste a su mettre en jambes les meilleurs danseurs. La scénographie se mêlait parfaitement aux sons sélectionnés par les DJS : expérience immersive réussie sous le chapiteau de Lalaland. Honey Dijon fut la grande surprise de cette fin d’après-midi. Le soleil était encore à son climax que les beats house et disco d’Honey Dijon résonnaient dans nos oreilles. Classiques et classe pour l’artiste qui distillait ses titres aussi bien qu’elle distribuait les sourires. Enorme claque et envolée charnelle lorsqu’Honey Dijon passa « The Story Continues » de Marco Lys.

Il ne fallait pas louper celui qu’on nomme le king du rap francophone : Lomepal. A la scène Clairière, il est compliqué de trouver un petit trente centimètres d’espace vital. Le chapiteau bleu n’est pas idéal pour que chacun puisse se délecter de la présence de l’artiste. Néanmoins, des écrans installés sur les côtés permettaient de très bien voir, même à plusieurs mètres derrière une tripotée de fans. Femmes, hommes, pâles ou non, sans exception, tous connaissaient par cœur les paroles de chaque chanson. Conséquence du succès de cet ancien skateur, les voix juvéniles reprennent à l’unisson « Palpal » à son arrivée sur scène.

Retour sous Lalaland où le soleil se couchant, offre une vue incroyable aux cuisses de nymphe qui parfument les nimbus du ciel. Le set impeccable de Dixon prend alors une autre dimension. Orelsan aura beau invoquer « La Pluie », pas une goutte ne tombe au Château de Vincennes. Sur la scène de La Prairie, le Caennais assure et enchaîne les hits comme « Basique ».

Petit retour sous la scène électro où The Black Madonna enflamme la foule de sa house mondiale. Cette lumineuse journée s’achève par le set de Jamie XX. Connu pour son investissement dans le groupe londonien The xx, l’artiste est également sollicité pour ses remixes. Jamie XX a la recette pour faire danser les festivaliers. Il clôt par « Never Too Much » de Luther Vandross, de quoi rentrer dormir des étoiles au coeur.


DIMANCHE


Premier concert et première déception : The Internet est comme une mayonnaise qui ne prend pas, un soufflé qui ne monte pas. En somme, un gros four. Peu d’allure sur la scène de La Prairie, « Dontcha » et autres hits restent mous, sans saveur. Direction alors La Clairière où le jeune King Krule entame son live. Il est le coup de cœur de ce week-end. Archy Marshall, de son vrai nom, joue avec fluidité et perfection son album « The Ooz ». Riffs de guitare, cavalcade de râles et saxophone endiablé, le jeune artiste de 23 ans offre une performance live habitée. Sa rage londonienne sur scène nous fait revivre le style acéré auparavant défendu par Joe Strummer.

La flûte enchantée de Björk nous a happés vers la scène de La Prairie. Plus qu’une chanteuse, le public a assisté à une véritable performance d’art contemporain. L’artiste a livré un show onirique et végétal, qui n’aurait pu s’intégrer ailleurs.

Enfin, Tyler The Creator a raflé la mise en ce dimanche soir. Le rappeur américain a enflammé le chapiteau de La Clairière. Dans une veste réfléchissante, l’énergumène assure un show impeccable. Chaque refrain comme les langoureux de «Where This Flower Booms», «Mr Lonely», «See you again», mais aussi les rugueux «Deathcamp», «Who Dat Boy», «Fucking Young» et «I Ain’t Got Time» sont repris en choeur. Tyler crée une véritable complicité avec son public. On ne peut rêver mieux pour quitter le Château de Vincennes, émerveillés.