[Entretien] Mayflo déclare sa flamme à la Footwork pour son 1er EP ‘Travail Du Pied’ [Beat X Changers]

Résident ItinéraireBis, Mayflo ne cesse de nous surprendre, musicalement parlant. Eclectiques, ses influences mêlent Jazz-Disco-Funk-Afro-House-Electronique mais aussi Techno, Breakbeat, Jungle et Footwork. Nous avons posé quelques questions à cet amoureux de la musique à l’occasion de la sortie de son premier EP ‘Travail Du Pied’ sur le label Beat X Changers (streamable sur toutes les plateformes) où il nous propose son approche très personnelle de la Footwork.


ItinéraireBis : salut Mayflo ! Un petit mot sur ton parcours dans la musique. Dans quel environnement musical as-tu grandi ?

Mayflo : hello ! Alors j’ai pas mal baigné dans la musique toute ma vie. Mon père est musicien, donc j’ai un peu toujours écouté de la musique. J’ai aussi beaucoup découvert de musique avec mon frère, puis avec mes amis d’enfance avec lesquels on s’est un peu façonné musicalement ensemble.

Pour ce qui est de la pratique, j’ai commencé la batterie quand j’étais petit, et j’ai continué avant de me mettre au DJing il y a 6-7 ans. Peu à peu, je me suis aussi mis à la production dans mon coin, avant de finalement produire un projet complet -cet EP- il y a un peu plus d’un an.


Ton premier EP ‘Travail Du Pied’ est sorti sur le label Beat X Changers. Quel lien entretiens-tu avec l’équipe Beat X Changers ? Comment a germé l’idée de sortir ton premier EP sur ce label ?

J’aime beaucoup toute l’équipe : Mab’Ish, Rafiki, X_1 et Monomite. Ils forment une super team, très accueillante et ouverte d’esprit. J’ai passé plein de bons moments avec eux, que ce soit des sessions de sampling, des journée de mixage au studio ou encore à leurs Tap Water Jams (soirées mensuelles). Je suis heureux d’avoir appris à les connaître avec cet EP!


Lien de l’EP sur Bandcamp (streambale sur toutes les plateformes)


Pour ce qui est de sortir sur le label, c’était pas vraiment l’idée à la base. Je suis et j’adore le label quasi depuis sa création, et j’avais rencontré X_1 et Monomite un peu avant. Je savais qu’ils aimaient la Footwork, donc je leur ai envoyé mes démos pour leur demander ce qu’ils en pensaient et avoir leurs retours. Ils ont très vite accroché, ils ont fait écouter à Rafiki et Mab’Ish, puis ils m’ont proposé de le sortir chez eux.


Une première sortie reste toujours un moment particulier. Quelles ont-été tes étapes dans la production de celle-ci ?

J’essaie de produire plein de trucs différents, mais la Footwork est le premier son qui est sorti naturellement. Je me suis à produire des boucles de manière un peu erratique pendant un an, mais j’avais du mal à faire plus. Après ça je suis parti m’installer à Berlin pendant 6 mois en 2018 : je me suis dit que c’était le moment idéal pour boucler un projet complet. Alors je me suis fixé l’objectif de finir Travail du Pied en en faisant un tout cohérent. Une fois fini, puis le contact pris avec BXC, on a mis un an à le fignoler et à le sortir, finalement le 23 septembre 2019.


Tu as fait appel à tes influences jazz et hip hop pour produire ton EP, une approche personnelle du Footwork (Chicago) que tu affectionnes (organisation avec Lucien Kammermann de la soirée ALL I SEE is RED avec la référence du genre RP BOO). Comment as-tu découvert la culture Footwork (danse aux codes particuliers et musique électronique issue de la Ghetto House, Juke, House) ?

J’ai écouté et j’ai aimé des bribes de Footwork/Juke à droite à gauche depuis 6 ans sans savoir ce que c’était : je me souviens notamment d’un remix Juke de Bambounou par Slick Shoota, ou du morceau LOL de DJ Spinn joué par Lapalux à sa Boiler de 2014. Puis j’ai commencé à voir passer du DJ Rashad, que j’ai trouvé intéressant mais j’ai mis un moment avant de rentrer dans son délire. Finalement, c’est son morceau ‘Broken Heart’ (ci-dessous) qui qui a réussi à me faire fondre. Ironie du sort, c’est au moment de la sortie de l’EP ‘We On 1’ de Rashad que j’ai basculé dans la Footwork : il est malheureusement mort moins d’un mois après… RIP


Quelles ont été tes inspirations musicales et plus globales pour produire cet EP ?

Naturellement, toute la scène Footwork/Juke m’a beaucoup inspiré : DJ Rashad, DJ Spinn, DJ Earl, Slick Shoota, Triple Train, … mais aussi des artistes plus transversaux comme Machinedrum.

Au delà de ça, j’ai beaucoup puisé dans mes racines Hip-Hop et Jazz qui sont les sons que j’écoute depuis que je suis petit. J’ai sélectionné un bon panel de mes influences dans le mix que j’ai enregistré chez Rinse France pour la sortie de l’EP si vous voulez vous en faire une idée!


Nous avons pu apprécier ta parution dans le numéro Trax de novembre. Quel sentiment as-tu ressenti ? Un numéro spécial sur les 30 ans de la chute du Mur de Berlin jusqu’au Brexit. La musique est-elle un des facteurs importants pour consolider cette union selon toi ?

J’ai été honoré et très touché ! Déjà parce que je ne m’y attendais pas du tout, mais aussi parce que ça me fait plaisir qu’on donne un peu de place à la Footwork pour s’exprimer en France, où elle ne s’est jamais vraiment implantée.

Trax : L’union fait la fête

Pour ce qui est du caractère unificateur de la musique, et plutôt de la teuf je pense, j’en suis convaincu. Si il y a bien quelque chose que tout le monde partage partout dans le monde depuis la nuit des temps, c’est bien la fête! On peut tous s’y retrouver pour partager de la joie, de l’énergie, que ce soit revendicateur ou non. Ca peut créer des liens très forts, au-delà des barrières de langues ou de société, et c’est quelque chose dont on a bien besoin. Je sais que ça a été très important à Berlin pour soigner cette ville qui avait été déchirée en deux, d’où la place que la teuf y a prise.


Tu passes souvent au Mellotron et sur Rinse. Comment travailles-tu tes sets ? Des petites pépites récentes à nous partager ?

Ca dépend des sets. Quand c’est mon émission, j’ai souvent des choses précises que je veux vraiment faire écouter, donc je prépare ma playlist avant. Quand je suis invité, c’est différent, je laisse plus de place à l’improvisation. Après, je n’appréhende pas de la même manière mes passages chez Rinse que chez Le Mellotron : au Mellotron, je me place plus en tant que digger et je joue des sorties ou découvertes récentes sur un créneau plutôt Jazz-Disco-Funk-Afro-House-Electronique. Chez Rinse, j’essaie de jouer des influences plus club, et je vais donc me permettre plus des sons de Techno, Breakbeat, Jungle, Footwork …


Quelles sont tes prochaines actualités ?

Je devrais sortir des morceaux sur 2-3 compilations en début d’année prochaine, et j’ai déjà bien entamé une suite à Travail du Pied.

A côté de ça je produis beaucoup de choses qui ne sortent pas de mon ordi, donc j’ai pris la résolution de mettre plus de morceaux sur mon bandcamp! L’idée ça serait de sortir aussi bien du Break, de la House ou de la Bass et que ça me motive à sortir plus d’EPs.

Sinon on continue de faire notre petit bout de chemin avec le collectif de producteurs de Bass La Dub War, on verra ce que ça va donner!

On prévoit également de refaire une soirée ALL I SEE IS RED avec Lucien, et de peut-être pérenniser le concept. Stay tuned!


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