Entretien avec Pauline Jacquelin (Paola) avant la première de son nouveau talk-show Entrevue Techno au Sacré

Très active sur la scène électronique locale avec le Venus Club notamment, Pauline Jacquelin (Paola) va lancer ce mercredi 5 mai à 13h au Sacré le premier épisode d’Entrevue Techno, son nouveau talk-show qui lui permettre d’échanger avec différents acteurs de la scène parisienne sur différents sujets liés à ce milieu qui ne cesse d’évoluer chaque jour.


ItinéraireBis : salut Pauline, peux-tu te présenter à nos lecteurs. Quelles sont tes influences dans la musique électronique ?

Pauline : Salut! J’ai commencé mon parcours musical grâce à l’influence de mon frère de 10 ans mon aîné. A l’époque, il sortait régulièrement sur Montpellier et j’ai hérité de ses disques. C’était la vague electro clash, minimal et techno qui prédominait avec des artistes comme Extrawelt, Matthew Johnson, The Hacker et Miss Kittin…

Après une année à Londres, j’ai emménagé à Montpellier et j’ai commencé à prendre part à l’organisation de soirées et à monter mes projets journalistiques. C’est à ce moment-là que j’ai appris à mixer sur vinyle grâce à mon coloc Luca Ruiz (Magie Noire, Dernier Cri). J’ai ainsi véritablement commencé à me faire une vraie culture musicale en dévorant une quantité de reportages sur l’origine de la House et de la Techno. J’ai fait un grand saut dans l’acid house, la ghetto tech et les grands classiques House et Techno qui continuent aujourd’hui de m’influencer.

Même si je mixe essentiellement acid techno, dark techno et des choses très actuelles, vous trouverez toujours une dose old school dans mes sets. Des artistes comme Italo Johnson, Cinthie ou encore Paranoid London sont très bons dans le domaine.

Pour le côté un peu plus dark et rythmé, j’écoute pas mal VTSS, 88 756, Keith Carnal, Raffaele Attanasio ou encore Schacke.


ItinéraireBis : cela fait plusieurs années que tu es active sur la scène électronique via le média Beyeah comme rédactrice et en interviewant des artistes sur ta chaîne YouTube (entre autres). Quel regard portes-tu sur cette scène qui évolue en même temps que notre époque ?

Pauline : le milieu électronique est très hiérarchisé. Il a ses propres codes et a su tirer parti de son succès. D’un côté, c’est un milieu très concurrentiel qui a aussi subi l’envolée des cachets des artistes et le rachat de ses festivals par de grands groupes, contribuant à la hausse des prix et à l’uniformisation de l’offre. Dans un même temps, c’est une scène de débrouille, un peu DIY et collaborative, ce qui la rend très active et créative. On ne compte plus les collectifs talentueux, les labels de potes qui se montent, les compositrices et compositeurs qui percent.

Je pense que la crise a bousculé pas mal de choses. Les professionnels du milieu se sont remis en question sur la valeur artistique et éthique de leurs activités. Des réflexions ont émergé comme la place de l’artiste dans la société, les modes de rémunérations liés à la pratique musicale, la place des femmes dans l’industrie… Un gros coup de pied dans la fourmilière.

J’ai confiance en l’avenir de notre scène, je pense qu’elle sera plus bien plus collaborative. Elle se structure, elle mûrit. Et ce, grâce à ce temps de pause où les actrices et acteurs de la scène ont pu prendre le temps de se parler, se réunir et s’écouter.


ItinéraireBis : tu vas lancer demain le premier épisode de ta nouvelle émission Entrevue Techno entre les murs du Sacré. Quelles ont été tes motivations pour débuter cette nouvelle aventure ? Comment s’est déroulé les échanges avec l’équipe du Sacré ?

Pauline : je viens moi aussi de cet esprit DIY. Après plusieurs années de bénévolat, force était de constater que l’accès à la professionnalisation était compliquée. J’ai donc décidé de passer une certification Cheffe de projet en musiques actuelles et je suis venue à Paris en août dernier. En septembre, le festival pour lequel j’effectuais mon stage a été interdit. Ça m’a mis un gros coup dans la tronche. A 31 ans, j’étais encore stoppé dans mes projets.

Au même moment, le Sacré lance un appel à projet pour diversifier la grille de programme de Sacré Radio. C’était l’opportunité parfaite pour me remettre en jambe et pour commencer à prendre contact avec la scène parisienne. Je voulais vraiment contribuer en proposant du contenu qualitatif, technique qui amènent à réfléchir, à comprendre. La rencontre a été fluide et on a tout de suite été emballé par l’idée de collaborer.


ItinéraireBis : le premier épisode de ton nouveau talk-show Entrevue Techno sera diffusé demain à 13h sur les réseaux. Peux-tu nous présenter les sujets abordés pour cette première et ses premiers invités.

Pauline : le premier talk-show est une réflexion sur les spécificités qui séparent les musiques actuelles de la scène électronique. J’avais le sentiment que les scènes dites « underground » ne répondaient pas aux mêmes pratiques que l’ensemble de la filière des musiques actuelles. J’ai donc invité Michel Bosseau, directeur des Formations d’Issoudun (centre qui forme aux métiers de la musique) et Stéphane De Saint Louvent, directeur de Rotary Lab (édition et synchronisation spécialisée musiques électroniques) pour débattre sur la question.

L’idée est donc d’inviter des acteurs que l’on n’a pas forcément l’occasion de voir dans un contexte comme le Sacré pour parler de musique autrement. On y aborde des aspects très techniques comme le régime de l’intermittence, la SACEM et les questions des droits d’auteurs, l’origine des musiques actuelles etc…


ItinéraireBis : pour ton dernier épisode qui sera diffusé le 16 juin prochain, tu as invité ta mère Sylvie Jacquelin (étudiante en astrologie) pour aborder le thème « L’émergence House et Techno et le mouvement rave expliqué par l’astrologie ». Quel rapport entretiens-tu avec cette discipline ?

Pauline : l’astrologie, l’ésotérisme, la méditation et toutes les disciplines liées au développement personnel m’accompagnent depuis que je suis née. C’est une vraie chance car cela m’a permis de traverser bien des épreuves avec à chaque fois une meilleure compréhension de moi-même et des autres. Il y a beaucoup de fantasmes et d’idées reçues sur ces pratiques bien qu’elles tendent à se démocratiser.

S’intéresser à l’astrologie suppose d’accepter que nous ne sommes que des êtres vivants faisant partie d’un tout bien plus grand que nous, et que nous ne maîtrisons pas tout. Et paradoxalement, cela suppose aussi de devenir plus responsable face à la vie. Une fois ce travail fait, on peut s’appuyer sur cette discipline pour comprendre les grands mouvements sociaux mais également les épreuves de la vie courante. C’est pour cela que j’ai invité ma mère qui nous parlera de musiques électroniques, un univers qui lui était complètement étranger, à travers le prisme de sa spécialité.


ItinéraireBis : tu as développé avec d’autres professionnelles du milieu le projet Venus Club pour mettre en avant les actrices de la musique électronique locale. Il y aura-t-il des passerelles régulières entre ces deux projets ?

Pauline : le Sacré nous ouvre régulièrement les portes pour enregistrer des émissions. Comme par exemple lors du take over sur White Label Radio. Ou encore pour le festival Les Marmites pour lequel nous avons été invitées afin d’intervenir sur la place des femmes dans le milieu électronique.

L’idée d’un talk-show Vénus Club est en projet, nous vous en dirons plus en temps voulu.


ItinéraireBis : pour terminer, quel est le programme à venir pour Entrevue Techno ?

Pauline : les épisodes se tiendront sur 7 semaines :

Les 5 et 12 mai:

1. Structuration des musiques actuelles et la résistance électronique

Invités : Stéphane de Saint Louvent, directeur l’agence de supervision et de production musicale Rotary Lab. Michel Bosseau, directeur des Formations d’Issoudun.


Les 19 et 26 mai :

2. Approche sociologique: mouvements sociaux, valeurs et identité (en 2 parties)

Invités : Anne Petiau, sociologue et Manu Casana, ancien organisateur de rave et gérant du label Rave Age.


Les 2 et 9 juin :

3. Les musiques électroniques comme vecteur d’évolution technologique (en 2 parties)

Invités : Jean Yves Leloup, journaliste, écrivain, commissaire d’exposition, producteur d’ambient et DJ.


Le 16 juin :

4. L’émergence House et Techno et le mouvement rave expliqué par l’astrologie

Invités : Sylvie Jacquelin, étudiante en astrologie.


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